Accident vasculaire ischémique aux urgences : quelle place pour le pharmacien ?
Ce que cette étude nous apprend
- Étude observationnelle rétrospective, au sein d’un département d’urgences d’un centre hospitalier de Milwaukee, Wisconsin, Etats-Unis.
- Échantillon de 105 patients de plus de 18 ans ayant reçu une injection intra-veineuse de rtPA (activateur tissulaire du plasminogène recombinant). Étaient notamment exclus les patients ayant une tension supérieure à 185/110 mm Hg, qui avaient une dose partielle de rtPA, dont l’injection avait été initiée à l’extérieur de l’établissement.
- Les patients ont été sélectionnés en consultant de façon rétrospective les dossiers médicaux. Seuls ceux remplissant les critères d’inclusion et n’ayant pas de critères d’exclusion étaient inclus. Les dossiers médicaux sont alors analysés pour déterminer si un pharmacien était impliqué ou non dans l’administration du rtPA. L’implication du pharmacien est définie comme l’inscription d’une note dans le dossier-patient, l’entrée de commande ou le contournement du cabinet de dispensation automatique. Le pharmacien était présent dans le service de 10h à 18h30.
- Les objectifs de l’étude étaient de comparer l’exactitude du dosage de l’activateur tissulaire recombinant du plasminogène (rtPA), le temps moyen de prise en charge, l’identification des contre-indications à la thérapie en présence ou en l’absence d’un pharmacien au département des urgences dans la prise en charge des accidents vasculaires.
- En ce qui concerne l’exactitude du dosage, il apparait similaire dans les deux groupes : 96.6% (groupe avec pharmacien) vs 95.6% (groupe sans pharmacien) avec p=0.8953.
- En ce qui concerne le temps médian de prise en charge pour l’initiation du traitement par rtPA, il est diminué en présence d’un pharmacien : 69.5 min (groupe avec pharmacien) vs 89.5 min (groupe sans pharmacien) avec p =0.0027.
- En ce qui concerne le nombre de d’initiation de rtPA dont le temps de prise en charge est inférieur à 60 min, on note une augmentation de la proportion en présence d’un pharmacien : 20/67 soit 29.9% (groupe avec pharmacien) vs 6/38 soit 15.8% (groupe sans pharmacien) avec p=0.1087.
Ce que nous savions déjà
- Le rôle et les retombées du pharmacien en neurologie et au département des urgences sont relativement bien documentés.
- On peut consulter le site Impact Pharmacie et les fiches synthèses « neurologie » et « urgences ».
Ce qu’on se pose comme questions
- Quelles étaient réellement les actions des pharmaciens présents aux urgences en situation d’accidents vasculaires ischémiques et de quelles façons ses interventions permettaient une diminution de temps de prise en charge ?
- Y aurait-il eu une grande différence dans les résultats si le pharmacien était pleinement intégré dans l’équipe de gestion d’urgence des accidents vasculaires ischémiques de ce centre hospitalier ?
- De même, au moment de l’étude, de 2008 à 2010, les dossiers-patient n’étaient pas encore informatisés ; avec une documentation plus complète, aurait-on eu d’autres résultats ?
- Le fait d’exclure les patients ayant eu une injection partielle ou dont la tension est supérieure à 185/110 mm Hg ne fausse t-il pas les résultats ?
Ce que vous pouvez notamment faire
- Impliquer le pharmacien dans la gestion des situations d’urgences au département des urgences.
- Favoriser une approche pluridisciplinaire des situations d’urgences.
- Réfléchir à la gestion des médicaments à risque aussi bien à la pharmacie centrale qu’au niveau des services.
- Mettre en place des procédures et dispositifs permettant d’identifier les demandes urgentes afin de pouvoir y répondre dans les plus brefs délais.