Ce que cette étude nous apprend
- Étude de cohorte rétrospective, au sein du département des urgences d’un centre hospitalier universitaire de Chicago, États-Unis.
- 82 patients ont été inclus : 41 patients inclus pré-intervention et 41 en post-intervention, âgés de plus de 18 ans, ayant subi une intervention aux urgences, recevant à la fois un agent sédatif et paralysant et dont la durée de passage aux urgences est de plus de 30 min après l’intubation.
- L’objectif principal de l’étude est de comparer le taux d’initiation de l’analgésie post-intubation aux urgences avant et après l’intervention d’un pharmacien spécialisé dans la médecine d’urgence.
- Les pharmaciens des urgences ont prodigué des soins pharmaceutiques (recommandations thérapeutiques, suivi antibiotique, information sur le médicament, optimisation du stock de l’unité, assistance en cas d’arrêt cardiaque, procédures de sédation, intubation…) de 10h à 20h30, 7 jours sur 7. La pharmacologie des sédatifs et analgésiques a été revue, incluant les effets thérapeutiques et indésirables de ces agents. De la documentation a été fournie et des informations sur la gestion des patients ont été données. Le pharmacien intervenait également pour fournir des conseils sur la compatibilité des médicaments et répondre aux questions. Les patients ont été identifiés en analysant la base de données reliée au cabinet de dispensation automatique. Les données sont récoltées sur 2 périodes : avant et après le début de l’intervention.
- En ce qui concerne la durée de passage aux urgences, elle diminue de 8.2 dans le groupe pré-intervention à 6.2 heures dans le groupe post-intervention (aucune valeur de p).
- En ce qui concerne l’initiation d’une analgésie post-intubation, elle augmente significativement passant de 20% dans le groupe pré-intervention à 49% groupe post-intervention (p=0.005).
- En ce qui concerne le nombre de patient ayant reçu une intubation durant les heures de présence d’un pharmacien, il augmente de façon non significative de 19 (46%) (groupe pré-intervention) à 24 (59%) dans le groupe post-intervention.
- Suite à l’intervention du pharmacien, le nombre de patient ayant reçu un sédatif ou un anxiolytique seul a diminué significativement de 73% dans le groupe pré-intervention à 51% dans le groupe post-intervention (p=0.04).
- On note également une diminution du temps d’initiation de l’analgésie post intubation, passant de 98 min dans le groupe pré-intervention à 45 min dans le groupe post-intervention.
Ce que nous savions déjà
- Les rôles et les retombées du pharmacien dans la gestion de la douleur sont relativement bien documentés.
- On peut consulter le site Impact Pharmacie et la fiche synthèse « douleur ».
Ce qu’on se pose comme questions
- Les améliorations notées en présence d’un pharmacien continuent elles en-dehors des horaires de présence du pharmacien?
- Quels sont les actions du pharmacien ayant permis d’améliorer les pratiques relatives à l’analgésie post-intubation?
Ce que vous pouvez notamment faire
- Proposer l’ajout de pharmaciens cliniciens au département des urgences et mettre en place des soins pharmaceutiques axés sur la gestion de la douleur
- Informer les autres professionnels de santé sur la pharmacologie des thérapeutiques antalgiques disponibles et les différents protocoles existant
- Mettre à disposition de l’équipe soignante des documents informatifs relatifs à l’usage des analgésiques en post-intubation
- Optimiser le stockage et les rangements des médicaments dans le département des urgences afin de permettre une action plus rapide en cas d’urgence