Ce que cette étude nous apprend :
- Étude observationnelle prospective, service d’endocrinologie/diabétologie/nutrition, Centre Hospitalier Universitaire de Montpellier, France.
- Échantillon de 904 patients dont 671 diabétiques (75,7% diabète de type 2) et 233 non diabétiques ayant bénéficié de l’intervention pharmaceutique durant 1,5 ans, entre 2013 et 2015.
- L’objectif de l’étude est d’évaluer la prévalence des erreurs médicales à l’admission et à la sortie selon le statut diabétique ou non des patients et de déterminer l’impact clinique potentiel de ces erreurs.
- L’équipe de la pharmacie (1 pharmacien hospitalier, 1 interne en pharmacie et 2 étudiants en pharmacie) a, dans un premier temps, réalisé la conciliation médicamenteuse d’entrée dans les 24h suivant l’admission des patients. Les informations récoltées ont été comparées et validées par un appel téléphonique au pharmacien communautaire, au médecin ou aux infirmiers du patient. Les prescriptions de sortie ont fait l’objet d’une seconde conciliation médicamenteuse puis d’une autre analyse des modifications apportées par les médecins. Les divergences constatées à l’entrée et à la sortie ont été qualifiées d’intentionnelles ou non intentionnelles selon le retour du médecin prescripteur. Les modifications non intentionnelles corrigées par le médecin ont été jugées comme étant des erreurs médicamenteuses. Elles ont ensuite été classées selon leur sévérité potentielle à partir d’une échelle à quatre niveaux : erreur très sévère, erreur sévère, erreur modérée et erreur mineure.
- 3947 divergences ont été identifiées dont 2676 (67,8%) à l’admission et 1271 (32,2%) à la sortie. Parmi ces divergences, 385 ont été considérées comme non intentionnelles et concernaient 179 patients à l’admission (19,8%) et 87 patients à la sortie (10,1%).
- 378/385 (98,2%) divergences non intentionnelles ont été corrigées par le médecin et donc définies comme étant des erreurs médicamenteuses : 322 (85,2%) chez les diabétiques et 56 (14,8%) chez les non diabétiques.
- Ces erreurs médicales sont plus fréquentes chez les patients diabétiques que chez les non diabétiques à l’admission (22,1% contre 10,2%, p < 0.001) et à la sortie (11,4% contre 5,7%, p = 0,01). Les erreurs médicamenteuses des patients diabétiques à l’admission concernent surtout les médicaments de la sphère cardiovasculaire.
- Les patients diabétiques ont plus d’erreurs considérées comme sévères que les non diabétiques, à la fois à l’admission (33,8% contre 7,1%, p < 0,005) et à la sortie (41,1% contre 0%, p < 0,005). Les erreurs mineures à l’admission sont moins courantes chez les diabétiques (25,7% contre 42,9%, p = 0,06). Les erreurs modérées chez les diabétiques sont également moins fréquentes à la sortie (35,6% contre 69,2%, p = 0,03).
Ce que nous savions déjà :
- La conciliation médicamenteuse réalisée à l’admission des patients aux urgences est bien documentée.
- Les patients diabétiques, polymédicamentés sont à risque d’interactions médicamenteuses, d’effets indésirables, d’erreurs médicamenteuses et à défaut d’observance.
- Les rôles et retombées du pharmacien sur la prise en charge des patients diabétiques sont très bien documentés. Nous avons recensé quelques études indexées dont PMID21787031, PMID22672148 et PMID22147352.
- On peut consulter le site Impact Pharmacie et la fiche synthèse sur la conciliation médicamenteuse à l’entrée, à la sortie et la fiche synthèse du diabète
Ce qu’on se pose comme question :
- Les patients de l’étude ont été admis majoritairement pour une hospitalisation programmée. D’autres proviennent des urgences ou d’un transfert. Cela a t’il un impact sur les résultats ?
- Devons nous nous focaliser uniquement sur les patients polymédicamentés pour la conciliation à l’entrée et à la sortie ?
- Quel est le devenir de l’intervention sur le long terme ? Le relai hôpital ville est il assuré ?
- Quel est l’impact de l’intervention sur le taux de réadmission des patients diabétiques ?
Ce que vous pouvez notamment faire :
- Mettre en place une conciliation médicamenteuse de sortie en plus de la conciliation d’entrée.
- Utiliser les étudiants en pharmacie pour recueillir l’historique médicamenteux.
- Faire une étude de coût relative à l’implantation de cette nouvelle pratique.
- Faire une évaluation de la qualité de vie et la satisfaction des patients diabétiques.
- Promouvoir les résultats de cette étude pour renforcer la collaboration pharmacien/médecin dans la prise en charge des patients diabétiques.
Auteur : Perrine Scherrer, Éléonore Ferrand
Création : 28 juillet 2017
Une étude de plus qui va dans le bon sens. Dommage que le Comité de lecture ne soit à à la hauteur. Il faut accompagner les rédacteurs d’articles pour ne pas facilter la contestion d’un sujet aussi important et avoir de la valeur ajoutee