Ce que cette étude nous apprend
- Étude observationnelle, prospective dans un hôpital de soins tertiaires à Londres, Royaume-Uni.
- L’étude inclut les patients âgés de plus de 18 ans étant admis à l’hôpital dans le service de médecine (n=118 patients) et de chirurgie (n=85 patients) entre le 23 mai 2016 et le 8 juin 2016. Les pharmaciens étaient présents dans le service de médecine à chaque tour médicaux matin et soir. Les pharmaciens en chirugie étaient présents au tour sans précision de fréquence.
- L’intervention du pharmacien consistait à analyser chaque nouvelle prescription antithrombotique et leur réévaluation 24H en fonction :
- des données démographiques des patients,
- de l’indication,
- des molécules prescrites (médicaments, dosage, fréquence)
- et la pertinence du traitement retenu en regard de l’estimation des risques de thromboses et de saignements.
- Les prescriptions sont évaluées appropriées ou inappropriées selon ce schéma décisionnel :
- problème de type I = bonne indication mais pas de traitement préventif,
- problème de II = bonne indication avec un traitement préventif mais médicament non approprié,
- problème de III = bonne indication avec un traitement préventif mais dose ou fréquence de traitement inappropriée,
- problème de IV = traitement préventif prescrit sans indication.
- L’estimation du risque thrombotique à l’admission et la pertinence de la thérapie mise en place étaient significativement plus appropriées dans le groupe de patients en service de médecine qu’en service de chirurgie : Estimation du risque : 70.3 vs 42.4%, p<0.001 et Pertinence : 80.5% vs 68.2%, p=0.045
- La réévalauation du risque thrombotique à 24H était, au contraire significativement plus appropriée dans les services de chirurgie (60.3%vs 23.8% , p<0.001). L’étude rapporte que 24h après l’admission seulement 22 patients (10,8%) reçoivent une évaluation des risques appropriée par les médecins sans l’intervention des pharmaciens. Mais 108 patients (53.2%) n’ont aucunement reçu de réévaluation du risque ni par le médecin, ni par le pharmacien à 24H.
- Les pharmaciens ont détecté 50 prescriptions inappropriées parmi lesquelles 39 interventions (78%) ont été prises en compte par le médecin :
- 26 cas de problème de type I : 19 interventions pour la prescription d’un traitement prophylactique manquant,
- 6 cas de problème de II : 6 interventions de recommandations de changement de thérapie,
- 13 cas de problème de III : 13 interventions concernaient des problèmes de dose ou de fréquence d’administration
- 5 cas de problème de IV : une intervention pour l’arrêt de traitement.
- Une analyse pharmaco économique a été faite pour estimer les coûts économisés en regard de la dépense évitée par la survenue d’un événement indésirable selon les situations I, II, III, IV . A partir d’études précédentes, la probabilité de survenue de thrombose était estimé à 0.1 dans les services de médecine et à 0.4 en chirurgie. La probabilité de survenue de saignement était de 0.01. Cette estimation prend en compte également les salaires des pharmaciens, le temps passé pour l’intervention et le cours des coûts pendant l’étude.
- Les bénéfices nets estimés s’élèvent à 1 286,23£ pendant la durée de l’étude (2 semaines): Coûts économisés par le programme (+1 527,51£) et coûts de réalisation du programme (-241,28£). Le bénéfice annuel est estimé à 514 522£.
Ce que nous savions déjà
- Les rôles et les retombées du pharmacien dans la prise de l’anticoagulothérapie sont bien documentés. Nous avons recensé plusieurs études indexées démontrant une diminution de coûts suite à l’intervention du pharmacien dans le suivi de l’anticoagulothérapie : PMID10610013, PMID15338843
- On peut consulter le site Impact Pharmacie et la fiche synthèse Anticoagulothérapie
Ce qu’on se pose comme questions
- Un recueil continu de données et sur une période plus étendue pourrait il montrer des résultats plus exhaustifs ?
- Quelle a été l’incidence d’évenements indésirables dans l’étude ?
- L’estimation des coûts est elle assez robuste ?
- L’incidence serait elle la même dans une population plus jeune ? Est ce un axe à analyser ?
- Quelle était la fréquence de participation au tour du pharmacien en chirurgie ?
- Pourquoi la réévaluation du risque thrombotique 24H après l’admission reste elle encore si basse dans les deux services ?
- L’échantillon est il assez grand et assez homogène ? (92 patients > 60 ans dans les services de médecine vs 36 dans les services de chirurgie)
Ce que vous pouvez notamment faire
- Effectuer la réévaluation du risque thrombotique à l’admission sans oublier celle 24 H après l’admission et mieux encore essayer de réaliser un suivi hôpital/ville lorsque nécessaire.
- Partager davantage votre rôle et vos retombées sur l’importance de l’implication du pharmacien dans la prise en charge et le suivi de l’anticoagulothérapie.
- La majorité des interventions porte sur l’abscence de mise en place de traitement alors qu’indiqué justifiant l’importance du pharmacien à contribuer à l’anticoagulothérapie.
Auteurs : Mathilde Artus, Éléonore Ferrand
Création : 31/07/2017
Publication : 04/12/2017