Optimisation de la thérapie antiparkinsonienne en pharmacie communautaire: quel est l’impact sur la qualité de vie du patient?

Henrichsmann M, Hempel G. Impact of medication therapy management in patients with Parkinson’s disease. Int J Clin Pharm. 2016 Feb;38(1):54-60. doi: 10.1007/s11096-015-0206-0. Epub 2015 Nov 21. PubMed PMID: 26590989.

Ce que cette étude nous apprend

  • Il s’agit d’une étude de cohorte prospective réalisée en Allemagne dans des pharmacies communautaires.
  • 90 patients inclus, âgés de plus de 19 ans, ayant un diagnostic de la maladie de Parkinson idiopathique et prenant au moins un médicament antiparkinsonien.
  • L’objectif de l’étude est d’évaluer l’amélioration de la qualité de vie des patients atteints de la maladie de Parkinson via une optimisation de leur thérapie médicamenteuse.
  • Les patients éligibles à l’étude doivent d’abord remplir un document concernant leurs informations personnelles (nom, âge, personnel traitant, allergies/intolérances, date du diagnostic, niveau de soins etc.). Par la suite, un professionnel de la santé (médecin, ergothérapeute/physiothérapeute, personnel soignant) leur fait passer le Unified Parkinson’s disease rating scale (UPDRS), le Movement Disorder Society Unified Parkinson’s disease rating scale (MDS-UDRS) ainsi qu’une auto-évaluation des activités de la vie quotidienne (AVQ) au patient.
  • Une revue de la médication est effectuée par le pharmacien dans le but d’identifier les problèmes reliés à la pharmacothérapie et ces derniers sont compilés dans un système informatique selon 6 catégories: choix du médicament, dose, interaction, effet secondaire, adhésion et prescription illisible. Plusieurs outils ont été utilisés pour mesurer l’adhérence au traitement et identifier les médicaments potentiellement inappropriés chez les personnes âgées.
  • Une fois que l’évaluation est terminée, le pharmacien rédige des recommandations sous forme de note Subjectif-Objectif-Analyse-Plan (SOAP) qu’il discute avec le patient et le médecin traitant. Les patients sont libres de contacter le pharmacien à n’importe quel moment, mais le pharmacien ne les contacte pas d’emblée avant que la période de 4 mois ne se soit écoulée.
  • Quatre mois plus tard, les patients sont contactés à nouveaux et les pharmaciens revoient quelles interventions ont été appliquées. À ce moment, l’UPDRS et le MDS-UDRS sont administrés à nouveau afin de mesurer l’effet de l’intervention.
  • L’amélioration à l’UPDRS et au MDS-UPDRS à 4 mois est significativement supérieure par rapport au score de départ (respectivement, score médian initial de 48.5 et de 67 puis score médian à 4 mois de 47 et de 63) (p<0.05).
  • Des 90 patients inclus dans l’étude, 329 problèmes reliés à la pharmacothérapie ont été identifiés. De ceux-ci, 115 problèmes cliniquement pertinents ont fait l’objet d’une intervention de la part du pharmacien.
  • Des 115 problèmes reliés à la pharmacothérapie, 78 interventions ont été discutées directement avec le patient et 37 avec le médecin.
  • Par ailleurs, dans la population à l’étude, 42 des 90 patients font de l’insomnie, 31/90 font de l’incontinence urinaire et 29/90 font de la constipation.
    • Au départ, 38/42 ont un somnifère, 27/31 ont un antispasmodique et 11/39 ont un laxatif.
    • Après l’intervention, presque tous les patients ont un antispasmodique, 27/29 ont un laxatif et 42/42 ont une prescription de somnifère.
  • 9.9% des patients ont une faible adhésion au traitement.

Ce que nous savions déjà

  • Il y a peu de documentation quant au rôle et à l’impact du pharmacien dans la prise en charge des patients atteints de la maladie de Parkinson.
  • En plus de celle-ci, 2 autres études rapportent les retombées positives du pharmacien sur la qualité de vie du patient PMID11936711 PMID22810890.
  • 2 études abordent l’impact du pharmacien dans le contrôle des symptômes de la maladie de Parkinson PMID22810890 PMID27271736.
  • 1 étude recensée concerne l’effet des interventions du pharmacien sur l’observance médicamenteuse PMID27271736.

Ce qu’on se pose comme question

  • La faible taille d’échantillon aurait-elle pu avoir une influence sur les résultats observés?
  • Les résultats auraient-ils été semblables avec une étude randomisée contrôlée?
  • Est-ce nécessaire d’ajouter un antispasmodique et un somnifère à presque tous les patients à l’étude? Puisque la moyenne d’âge des patients est de 73 ans et qu’ils sont polymédicamentés, les pharmaciens ont-ils vérifié si les symptômes rencontrés étaient associés à des effets secondaires de la médication?
  • L’auto-mesure de l’adhérence au traitement via un questionnaire donne-t-il un portrait juste de l’observance réelle?

Ce que vous pouvez notamment faire

  • Accorder une attention particulière à la présence de cascades médicamenteuses dans la pharmacothérapie des patients parkinsoniens.
  • Utiliser des outils d’évaluation des activités quotidiennes (AVQ) pour voir à quel point les symptômes de la maladie de Parkinson sont contrôlés.
  • Établir une relation de confiance avec les autres professionnels de la santé pour assurer la continuité des soins.
Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s