Ce que cette étude nous apprend
- Étude bi-phasique avec la phase 1 comme étude transversale et la phase 2 comme étude randomisée effectuée auprès d’une pharmacie communautaire sur le campus de l’université de Mahasarakham à Mahan Sarakham, Thailande.
- Échantillon de 2 471 étudiants dans le domaine de la santé. Il y a eu 1 421 étudiants qui ont complété le questionnaire CES-D et 68 étudiants ont été randomisés au final. 34 étudiants étaient suivis en groupe par un pharmacien comme intervenant pivot et 34 étudiants étaient suivis individuellement par un pharmacien comme intervenant pivot.
- Les étudiants universitaires thaïlandais qui étudient dans le domaine de la santé comme la médecine, les soins infirmiers ou la pharmacie sont souvent touchés par la dépression. Le but de cette étude était dans un premier temps d’identifier les étudiants qui sont dépressifs dans ce domaine grâce à un questionnaire de mesure de la dépression soit le Centre for Epidemilogic Studies-Depression Scale (CES-D). Ce questionnaire se composait de 20 questions à niveaux. Les niveaux étaient rarely=0, occasionnaly=1, some=2, most=3. Si les étudiants obtenaient un score supérieur à 22 dans le questionnaire, ils étaient considérés comme ayant une humeur dépressive. Aussi, les patients qui ont obtenu un score supérieur à 22 devaient compléter un questionnaire sur le suicide. Si un des étudiants répondaient OUI à ce questionnaire, on le référait automatiquement à l’hôpital. Les étudiants dépressifs et non suicidaires étaient par la suite suivis par un pharmacien pour les aider à contrôler et soigner leurs symptômes dépressifs. Ces étudiants étaient randomisés dans 2 groupes soit le groupe 1 dans lequel le pharmacien aidait plusieurs étudiants en groupe et le groupe 2 dans lequel le pharmacien prodiguait les conseils individuellement auprès des étudiants. Dans le groupe 1, les pharmaciens expliquaient la dépression, les causes possibles de la maladie, les facteurs de risque, les signes et symptômes, les différents types de dépression, les traitements et les moyens pour s’auto-traiter. Les réunions en groupe durait 1 heure et était effectuées à la semaine 0, 4, 8 et 16. Pour le groupe 2, les pharmaciens donnaient au début (semaine 0) un livret sur la gestion de la dépression à chacun des étudiants qu’ils suivaient de manière individuelle. Le livret, qui était écrit par une équipe de recherche se divisait en 3 parties soient la première partie qui faisait une revue des symptômes dépressifs incluant la définition, la cause, les facteurs de risques, les signes et symptômes et la manière de s’auto-traiter, la deuxième partie qui permettait aux patients de noter des informations personnels et des informations cliniques sur leur condition et la dernière partie qui permettait d’entrer les activités que les patients faisaient pour réussir à soulager leurs symptômes dépressifs. Les patients étaient suivis à la semaine 0, 4, 8 et 16. Aussi, les étudiants devaient remplir un questionnaire sur la qualité de vie (SF-36) au début de l’étude soit à la semaine 0 et à la fin de l’étude soit à la semaine 16. Une fois l’étude terminée, les étudiants devaient remplir à nouveau le questionnaire CES-D pour voir les changements au niveau de leurs symptômes dépressifs.
- Score moyen du CES-D: Groupe 1 à la semaine 0: 26,3 et groupe 1 à la semaine 16: 20,1; p<0,001
Score moyen du CES-D: Groupe 2 à la semaine 0: 25,1 et groupe 2 à la semaine 16: 17,7; p<0,001
Score moyen du CES-D: Groupe 1 à la semaine 0: 26,3 et groupe 2 à la semaine 0: 25,1; p=0,230
Score moyen du CES-D: Groupe 1 à la semaine 16: 20,1 et groupe 2 à la semaine 16: 17,7; p=0,038
Score de qualité de vie sur l’aspect physique des patients: Groupe 1 à la semaine 0: 43,9 et groupe 1 à la semaine 16: 51,7; p<0,001
Score de qualité de vie sur l’aspect physique des patients: Groupe 2 à la semaine 0: 46,4 et groupe 2 à la semaine 16: 53,1; p=0,003
Score de qualité de vie sur l’aspect physique des patients: Groupe 1 à la semaine 0: 43,9 et groupe 2 à la semaine 0: 46,4; p=0,215
Score de qualité de vie sur l’aspect physique des patients: Groupe 1 à la semaine 16: 51,7 et groupe 2 à la semaine 16: 53,1; p=0,419
Score de qualité de vie sur l’aspect mental des patients: Groupe 1 à la semaine 0: 40,0et groupe 1 à la semaine 16: 42,8; p<0,067
Score de qualité de vie sur l’aspect mental des patients: Groupe 2 à la semaine 0: 37,9 et groupe 2 à la semaine 16: 43,1; p<0,036
Score de qualité de vie sur l’aspect mental des patients: Groupe 1 à la semaine 0: 40,0et groupe 2 à la semaine 0: 37,9; p=0,349
Score de qualité de vie sur l’aspect mental des patients: Groupe 1 à la semaine 16: 42,8 et groupe 2 à la semaine 16: 43,1; p=0,857
Ce que nous savions déjà
- En dépression, le rôle et les retombées du pharmacien sont bien documentés. Des études sur les différents outils utilisés par les pharmaciens pour aider à contrôler la maladie sont recensées soit PMID23537456, PMID12185826 PMID21247825, PMID20679589, PMID15011764, PMID15121348
- On peut consulter le site Impact pharmacie et la fiche synthèse «dépression»
- On peut consulter l’affiche relative à la «dépression»
Ce qu’on se pose comme question
- Quel est l’évolution de la dépression lorsque les patients ont uniquement accès aux soins et aux conseils des pharmaciens et non à ceux des autres professionnels de la santé?
- Quelle est la meilleure formation disponible pour les pharmaciens pour aider les patients dépressifs à contrôler leurs signes et symptômes ?
Ce que vous pouvez faire notamment
- Mettre en place un système de suivi auprès des patients dépressifs et utiliser davantage les outils cliniques disponibles pour vérifier s’il y a une amélioration de leurs signes et symptômes.
- Fournir davantage d’outils pour aider à comprendre la maladie et des ressources à contacter si on a besoin de davantage d’aide pour contrôler la maladie.
Auteur(s): Erlind Xhuti
Relecteur: Mylène Breton
Création: 21 octobre 2015