Les pharmaciens faisant partis d’une équipe multidisciplinaire peuvent-ils favoriser l’observance chez les patients atteints d’hépatite C ?

Carrión JA, Gonzalez-Colominas E, García-Retortillo M, Cañete N, Cirera I, Coll S, Giménez MD, Márquez C, Martin-Escudero V, Castellví P, Navinés R, Castaño JR, Galeras JA, Salas E, Bory F, Martín-Santos R, Solà R. A multidisciplinary support programme increases the efficiency of pegylated interferon alfa-2a and ribavirin in hepatitis C. J Hepatol. 2013 Nov;59(5):926-33

Ce que cette étude nous apprend:

  • Étude de cohorte prospective ayant lieu dans le département de gastroentérologie de l’hôpital del Mar à Barcelone, Espagne.
  • 453 patients recevant un traitement d’antirétroviraux ont été repartis dans 3 groupes soit le groupe contrôle (2003-2004, n=147), le groupe faisant parti du programme multidisciplinaire de support (2005-2066,n=131), et le groupe faisant parti du programme multidisciplinaire de support après la validation (2007-2009,n=169).
  • L’étude a été effectuée sur 6 années. De 2003 à 2004, les patients atteints d’hépatite C étaient admis à l’hôpital et des traitements étaient  débutés. Deux hépatologues et une infirmière étaient présents 10 heures par semaine pour vérifier si le traitement fonctionnait bien et si des effets secondaires étaient apparus. De 2005 à 2006, les nouveaux patients atteints d’hépatite C admis à l’hôpital étaient cette fois-ci suivis par une équipe multidisciplinaire formée de deux hépatologues (40 h/semaine), de deux infirmières (40 h/semaine), d’un pharmacien (20 h/semaine), d’un psychologue (20 h/semaine), d’une assistante administrative (20 h/semaine) et d’un psychiatre si nécessaire. L’équipe suivait alors la progression de la maladie des patients et l’apparition d’effets secondaires. Le pharmacien devait fournir aux patients des explications sur les nouveaux traitements et vérifier son adhérence grâce à un questionnaire quotidien sur la prise de pilules pour la ribavirine et des injections pour le peg-INF. De 2007 à 2009, pour valider l’efficacité du programme, le même processus a été reconduit. Les suivis pour tous les groupes étaient effectués à la semaine 2, 4, 12, 24 et 48 durant le traitement et 24 semaines suivant la fin du traitement. Un patient était considéré comme étant non observant à son traitement lorsqu’il prenait moins de 80 % de la dose de chacun de leur médicament pendant moins de 80 % de la durée de son traitement.
  • La présence du pharmacien dans une équipe interdisciplinaire permet d’augmenter l’adhérence au traitement chez des patients atteints d’hépatite C. Le pourcentage de patients (tout génotype et tout traitement confondu) adhérents à leur traitement, et inclus dans le programme multidisciplinaire de support après validation (PMSV), est significativement plus grand que dans le groupe contrôle: 91.7% versus 78.95 (p=0.001).
  • Pour le génotype 1a/b, le groupe du PMSV était adhérent à 90.1 % versus 67.5 % pour le groupe contrôle (p=0.0005).
  • Pour le génotype 2/3, le groupe du PMSV était adhérent à 91.7 % versus 93.2 % pour le groupe contrôle (différence non significative).
  • Pour le génotype 4, le groupe du PMSV était adhérent à 100 % versus 81.8% pour le groupe contrôle (p=0.07).
  • Pour le Peg-interferon, le groupe du PMSV était non adhérent (<80% de la dose) à 8.2 % versus 17.7 % pour le groupe contrôle (p=0.0001).
  • Pour la ribavirine , le groupe du PMSV était non adhérent (<80%) à 7.1% versus 25% pour le groupe contrôle (p=0.007).

Ce que nous savions déjà

  • Le pharmacien permet d’augmenter l’adhérence au traitement chez des patients atteint d’hépatite C. Nous avons recensé une autre étude qui montrent les retombées positives de l’adhérence au traitement grâce aux pharmaciens soit LID165.
  • On peut consulter le site Impact Pharmacie et la fiche synthèse « Gastro entérologie« 

Ce qu’on se pose comme question

  • Est-ce que les suivis effectués par les pharmaciens en communautaire sont aussi efficaces que les suivis effectués par les pharmaciens dans les hôpitaux ?
  • Le fait d’avoir une étude non randomisée sur plusieurs années peut-il influencer les résultats obtenus ?
  • Puisque l’étude a été effectuée sur plusieurs années, les nouvelles lignes directrices publiées sur l’hépatite C au fil du temps n’ont-elles pas permis d’obtenir une meilleure réponse virologique et moins d’effets secondaires favorisant ainsi l’adhérence au traitement?

Ce que vous pouvez notamment faire

  • Encourager le travail en équipe multidisciplinaire pour avoir un suivi optimal des patients atteints de maladies à haut risque
  • Mettre en place des stratégies d’éducation thérapeutique et de sensibilisation auprès des patients pour favoriser l’adhérence à leur traitement.
  • Utiliser des méthodes pour surveiller l’adhérence des patients comme des feuilles d’administration des médicaments, des appels téléphoniques ou des alarmes.

Auteur(s): Erlind Xhuti

Relecteur: Mylène Breton

Création: 2 octobre 2015

Publication:

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Les pharmaciens en communautaire peuvent-ils aider à soulager les symptômes dépressifs chez les étudiants universitaires?

Phimarn W, Kaewphila P, Suttajit S, Saramunee K. Depression screening and advisory service provided by community pharmacist for depressive students in university. Springerplus. 2015 Sep 2;4:470

Ce que cette étude nous apprend

  • Étude bi-phasique avec la phase 1 comme étude transversale et la phase 2 comme étude randomisée effectuée auprès d’une pharmacie communautaire sur le campus de l’université de Mahasarakham à Mahan Sarakham, Thailande.
  • Échantillon de 2 471 étudiants dans le domaine de la santé. Il y a eu 1 421 étudiants qui ont complété le questionnaire CES-D et 68 étudiants ont été randomisés au final. 34 étudiants étaient suivis en groupe par un pharmacien comme intervenant pivot et 34 étudiants étaient suivis individuellement par un pharmacien comme intervenant pivot.
  • Les étudiants universitaires thaïlandais qui étudient dans le domaine de la santé comme la médecine, les soins infirmiers ou la pharmacie sont souvent touchés par la dépression. Le but de cette étude était dans un premier temps d’identifier les étudiants qui sont dépressifs dans ce domaine grâce à un questionnaire de mesure de la dépression soit le Centre for Epidemilogic Studies-Depression Scale (CES-D). Ce questionnaire se composait de 20 questions à niveaux. Les niveaux étaient rarely=0, occasionnaly=1, some=2, most=3. Si les étudiants obtenaient un score supérieur à 22 dans le questionnaire, ils étaient considérés comme ayant une humeur dépressive. Aussi, les patients qui ont obtenu un score supérieur à 22 devaient compléter un questionnaire sur le suicide. Si un des étudiants répondaient OUI à ce questionnaire, on le référait automatiquement à l’hôpital. Les étudiants dépressifs et non suicidaires étaient par la suite suivis par un pharmacien pour les aider à contrôler et soigner leurs symptômes dépressifs.  Ces étudiants étaient randomisés dans 2 groupes soit le groupe 1 dans lequel le pharmacien aidait plusieurs étudiants en groupe et le groupe 2 dans lequel le pharmacien prodiguait les conseils individuellement auprès des étudiants. Dans le groupe 1, les pharmaciens expliquaient la dépression, les causes possibles de la maladie, les facteurs de risque, les signes et symptômes, les différents types de dépression, les traitements et les moyens pour s’auto-traiter. Les réunions en groupe durait 1 heure et était effectuées à la semaine 0, 4, 8 et 16. Pour le groupe 2, les pharmaciens donnaient au début (semaine 0) un livret sur la gestion de la dépression à chacun des étudiants qu’ils suivaient de manière individuelle. Le livret, qui était écrit par une équipe de recherche se divisait en 3 parties soient la première partie qui faisait une revue des symptômes dépressifs incluant la définition, la cause, les facteurs de risques, les signes et symptômes et la manière de s’auto-traiter, la deuxième partie qui permettait aux patients de noter des informations personnels et des informations cliniques sur leur condition et la dernière partie qui permettait d’entrer les activités que les patients faisaient pour réussir à soulager leurs symptômes dépressifs. Les patients étaient suivis à la semaine 0, 4, 8 et 16. Aussi, les étudiants devaient remplir un questionnaire sur la qualité de vie (SF-36) au début de l’étude soit à la semaine 0 et à la fin de l’étude soit à la semaine 16. Une fois l’étude terminée, les étudiants devaient remplir à nouveau le questionnaire CES-D pour voir les changements au niveau de leurs symptômes dépressifs.
  • Score moyen du CES-D: Groupe 1 à la semaine 0: 26,3 et groupe 1 à la semaine 16: 20,1; p<0,001
    Score moyen du CES-D: Groupe 2 à la semaine 0: 25,1 et groupe 2 à la semaine 16: 17,7; p<0,001
    Score moyen du CES-D: Groupe 1 à la semaine 0: 26,3 et groupe 2 à la semaine 0: 25,1; p=0,230
    Score moyen du CES-D: Groupe 1 à la semaine 16: 20,1 et groupe 2 à la semaine 16: 17,7; p=0,038
    Score de qualité de vie sur l’aspect physique des patients: Groupe 1 à la semaine 0: 43,9 et groupe 1 à la semaine 16: 51,7; p<0,001
    Score de qualité de vie sur l’aspect physique des patients: Groupe 2 à la semaine 0: 46,4 et groupe 2 à la semaine 16: 53,1; p=0,003
    Score de qualité de vie sur l’aspect physique des patients: Groupe 1 à la semaine 0: 43,9 et groupe 2 à la semaine 0: 46,4; p=0,215
    Score de qualité de vie sur l’aspect physique des patients: Groupe 1 à la semaine 16: 51,7 et groupe 2 à la semaine 16: 53,1; p=0,419
    Score de qualité de vie sur l’aspect mental des patients: Groupe 1 à la semaine 0: 40,0et groupe 1 à la semaine 16: 42,8; p<0,067
    Score de qualité de vie sur l’aspect mental des patients: Groupe 2 à la semaine 0: 37,9 et groupe 2 à la semaine 16: 43,1; p<0,036
    Score de qualité de vie sur l’aspect mental des patients: Groupe 1 à la semaine 0: 40,0et groupe 2 à la semaine 0: 37,9; p=0,349
    Score de qualité de vie sur l’aspect mental des patients: Groupe 1 à la semaine 16: 42,8 et groupe 2 à la semaine 16: 43,1; p=0,857

Ce que nous savions déjà

Ce qu’on se pose comme question

  • Quel est l’évolution de la dépression lorsque les patients ont uniquement accès aux soins et aux conseils des pharmaciens et non à ceux des autres professionnels de la santé?
  • Quelle est la meilleure formation disponible pour les pharmaciens pour aider les patients dépressifs à contrôler leurs signes et symptômes ?

Ce que vous pouvez faire notamment

  • Mettre en place un système de suivi auprès des patients dépressifs et utiliser davantage les outils cliniques disponibles pour vérifier s’il y a une amélioration de leurs signes et symptômes.
  • Fournir davantage d’outils pour aider à comprendre la maladie et des ressources à contacter si on a besoin de davantage d’aide pour contrôler la maladie.

Auteur(s): Erlind Xhuti

Relecteur: Mylène Breton

Création: 21 octobre 2015

 

Les pharmaciens communautaires sont-ils aussi qualifiés que les médecins pour le suivi de l’INR ?

Gupta V, Kogut SJ, Thompson S. Evaluation of differences in percentage of international normalized ratios in range between pharmacist-led and physician-led anticoagulation management services. J Pharm Pract. 2015 Jun;28(3):249-55

Ce que cette étude nous apprend

  • Étude rétrospective effectuée dans un centre médical à Rhode Island aux États-Unis
  • Échantillon de 237 personnes dont 96 dans le groupe contrôle et 135 dans le groupe intervention
  • Les chercheurs ont mené une étude de cohorte rétrospective. Les données de la cohorte contrôle sont issues des dossiers médicaux de la clinique sur une période de 6 mois et concernent les 96 patients dont la warfarine était suivie et ajustée par les médecins. Les données de la cohorte intervention sont issues des dossiers médicaux d’une période subséquente de 6 mois et concernent les 130 patients dont la warfarine était suivi et ajustée par des pharmaciens cliniques. Les pharmaciens avaient une entente de pratique collaborative avec les médecins pour ajuster les doses de warfarine selon les résultats de RNI. Les pharmaciens contactaient les patients par téléphone pour évaluer les causes possibles d’un écart de l’intervalle thérapeutique de RNI avant de proposer un ajustement du schéma de dosage. Durant les premières visites des patients, le pharmacien assurait une éducation thérapeutique au sujet de l’anticoagulation.
  • Temps dans l’intervalle thérapeutique: Cohorte intervention : 57,5% et cohorte contrôle : 50,0% (différence significative, p=0,004)
    Nombre de contrôles de RNI: Cohorte intervention : 1324 contrôles pour 130 patients et cohorte contrôle : 933 contrôles pour 96 patients (différence non significative, p=0,12)
    Temps dans l’intervalle thérapeutique étendu: Cohorte intervention : 72,8% et cohorte contrôle : 64,3% (différence significative, p<0,001)
    Nombre de valeurs de RNI < 1,5: Cohorte intervention : 5,1% et cohorte contrôle : 7,3% (différence significative, p=0,03)
    Nombre de valeurs de RNI < 1,8: Cohorte intervention : 15,2% et cohorte contrôle : 18,1% (différence non significative, p=0,06)
    Nombre de valeurs de RNI < 3,5: Cohorte intervention : 7,1% et cohorte contrôle : 11,4% (différence significative, p=0,004)
    Nombre de valeurs de RNI < 5,0:Cohorte intervention : 1,9% et cohorte contrôle : 2,1% (différence non significative, p=0,66)
    Nombre de patients avec une valeur de RNI < 1,8: Cohorte intervention : 62,8% et cohorte contrôle : 62,3% (différence non significative, p=0,99)
    Nombre de patients avec deux valeurs de RNI < 1,8: Cohorte intervention : 37,2% et cohorte contrôle : 48,5% (différence non significative, p=0,09)
    Nombre de patients avec une valeur de RNI > 3,5: Cohorte intervention : 20,2% et cohorte contrôle : 35,1% (différence significative, p=0,01)
    Nombre de patients avec deux valeurs de RNI > 3,5: Cohorte intervention : 17,7% et cohorte contrôle : 29,9% (différence significative, p=0,03)
    Nombre de patients avec une valeur de RNI > 5,0: Cohorte intervention : 13,9% et cohorte contrôle : 18,6% (différence non significative, p=0,34)
    Nombre de patients avec deux valeurs de RNI > 5,0: Cohorte intervention : 3,1% et cohorte contrôle : 3,1% (différence significative, p=0,005) Il existe de nombreuses études qui relatent le suivi de l’INR

Ce que nous savions déjà

Ce qu’on se pose comme questions

  • Quels sont les effets secondaires répertoriés lorsque l’INR n’est pas dans l’intervalle thérapeutique ?
  • Quels sont les meilleurs moyens et la meilleure fréquence pour assurer un suivi adéquat au niveau de l’INR ?

Ce que vous pouvez notamment faire

  • Augmenter la fréquence des suivis auprès des patients qui prennent de la warfarine
  • Expliquer mieux la maladie aux patients et développer des nouveaux outils pratique pour permettre une prise en charge plus poussée du traitement anticoagulant

 

Auteur : Erlind Xhuti

Relecteur: Mylène Breton

Création : 21 octobre 2015

Publication: