Ce que cette étude nous apprend
- Étude de cohorte rétrospective comprenant sept centres hospitaliers d’un même réseau de santé dans l’état de Washington, aux États-Unis.
- Échantillon de 243 patients composant le groupe intervention et 251 patients composant le groupe contrôle, tous jugés à haut risque de réadmissions selon leur diagnostic, leur profil pharmacologique et leur niveau d’autonomie.
- Les chercheurs ont évalué les effets d’une nouvelle procédure de bilans comparatifs des médicaments au congé. Les patients ont reçu un appel téléphonique d’une infirmière de liaison, 1 à 2 jours post-congé. L’infirmière a vérifié l’absence de signaux d’alarmes chez les patients et les a informé qu’un pharmacien clinique externe les contacterait par téléphone. Les pharmaciens ont contacté les participants par téléphone de trois à sept jours post-congé pour un bilan comparatif des médicaments. Avant l’appel, le pharmacien a comparé les dossiers médicaux électroniques au sommaire d’hospitalisation. Les pharmaciens n’appelaient plus les patients si 1) trois appels étaient déjà restés sans réponse, 2) plus de 7 jours s’étaient écoulés depuis le congé ou 3) le patient avait déjà eu un premier rendez-vous de suivi avec son médecin. En plus de la démarche de réconciliation médicamenteuse, le pharmacien répondait aux questions des patients et leur expliquait en détail les changements apportés à leur thérapie. Les résultats des entrevues étaient synthétisés puis envoyés à l’omnipraticien et/ou le médecin spécialiste, avec une emphase particulière sur les divergences notées par le pharmacien. La cohorte contrôle est composée de 251 patients n’ayant pas reçu d’appel de la part d’un pharmacien.
- Seuls 2 des 243 patients du groupe intervention ont été réadmis dans les sept jours suivant le congé, comparativement à 11 des 251 patients du groupe contrôle (p=0,01).
- Seuls 11 des 243 patients du groupe intervention ont été réadmis dans les 14 jours suivant le congé, comparativement à 22 des 251 patients du groupe contrôle (p=0,04).
- Le nombre de réadmissions dans les 30 jours suivant le congé était semblable entre les deux groupes, soit 28 des 243 patients du groupe intervention et 34 des 251 patients du groupe contrôle (p=0,29).
- Les économies nettes associées à l’intervention ont été estimées à 35 478 $ par patient, soit environ 1 518 600 $ par année.
Ce que nous savions déjà
- Il existe peu de documentation sur le rôle et les retombées du pharmacien assurant le bilan comparatif des médicaments. Une étude rapporte les retombées positives du pharmacien sur la durée de séjour en hôpital PMID17062324 . Une autre étude décrit les retombées positives du pharmacien sur l’utilisation des soins de santé PMID19433702 tandis que cinq autres articles font état des retombées neutres du pharmacien sur l’utilisation des soins de santé PMID22733210 PMID20059474 PMID21318595 PMID19933963 PMID15085948 .
- On peut consulter le site «Impact pharmacie» ainsi que la page synthèse «Bilan comparatif des médicaments».
Ce qu’on se pose comme questions
- Le devis non expérimental et rétrospectif porte-t-il atteinte à la crédibilité des résultats obtenus?
- Le nombre significativement plus élevé de diagnostics d’insuffisance cardiaque à la réadmission dans le groupe intervention que dans le groupe contrôle peut-il avoir influencé les résultats?
- Combien de réadmissions peuvent être directement reliées à la prise adéquate ou non des médicaments prescrits au congé?
- Une taille d’échantillon plus grande aurait-elle permis de détecter une différence significative des réadmissions à 30 jours post-congé ou même plus tard?
Ce que vous pouvez notamment faire
- Évaluer le niveau d’application des politiques et procédures relatives aux bilans comparatifs des médicaments au congé dans votre milieu de pratique.
- Identifier les patients à haut risque de réadmissions à court terme et les prioriser pour la réalisation d’un bilan comparatif des médicaments au congé.
- Transmettre les interventions réalisées et documentées dans le cadre du bilan comparatif des médicaments au congé aux intervenants communautaires pertinents.
- Réfléchir à la faisabilité d’un service de suivi téléphonique à court terme post-congé et assuré par un pharmacien d’hôpital.
Auteur : Émile Demers
Relecteur: Mylène Breton
Création : 14 juillet 2015
Publication: 28 octobre 2015
les retombées d’un suivi du pharmacien au congé, incluant un bilan comparatif, sur les réadmissions