Prescription de médicaments pour une condition mineure : comment le pharmacien peut-il contribuer au désengorgement du système de santé?
Ce que cette étude nous apprend
- Étude observationnelle prospective faite dans les pharmacies ayant accepté de participer à l’étude en Saskatchewan au Canada.
- Échantillon de 125 patients ayant reçu l’intervention pharmaceutique du pharmacien dans la période de 1 an de l’étude (septembre 2012 à août 2013).
- Tous les patients recevant une prescription d’un pharmacien pour une condition mineure pouvaient participer à l’étude si les pharmaciens consultées désiraient aussi participer à l’étude. Les conditions mineures dont la prescription par les pharmaciens étaient autorisées en Saskatchewan sont la rhinite allergique, l’érythème fessier, l’herpès labial, les aphtes buccaux, les piqûres d‘insectes, l’acné mineur et le muguet. Tous les pharmaciens ont reçu la formation obligatoire pour cette pratique afin de prescrire en fonction des lignes directrices. Des cartes de recrutements et des informations sur l’étude étaient données aux patients par les pharmaciens participants. Les patients étaient invités à compléter un sondage en ligne.
- Résultats : 43 prescriptions pour l’herpès labial (34,4%), 25 prescriptions pour les piqûres d’insectes (20%), 23 prescriptions pour les allergies saisonnières (18,4%), 12 prescriptions pour les aphtes buccaux (9,6%), 9 prescriptions pour l’acné mineure (7,2%), 8 prescriptions pour le muguet (6,4%) et 5 prescriptions pour l’érythème fessier (4%).
- 45,2% des patients n’avaient jamais consulté de médecin avant la consultation pour la condition mineure dont ils souffraient.
- Raisons les plus fréquemment données pour expliquer le choix de consulter le pharmacien au lieu du médecin : 26% avaient confiance au pharmacien pour le traitement de la condition mineure, 20,3% considéraient que la condition n’était pas assez sérieuse pour aller voir le médecin, 17,2% croyaient que le pharmacien était plus accessible et 14,6% ne désiraient pas attendre pour voir le médecin.
- 34 patients (39,7%) seraient allés voir un médecin ou se seraient présentés à l’urgence s’ils n’avaient pas eu la possibilité de recevoir une prescription du pharmacien.
- 96,8% des patients ne sont pas allés voir un médecin après la consultation avec le pharmacien.
- 99,2% des patients ont noté une amélioration de la condition mineure, dont 81,4% ont obtenu une résolution complète ou une amélioration significative au moment du sondage.
Ce que nous savions déjà
- Le rôle et les retombées du pharmacien dans la prescription de médicaments sont relativement bien documentés. Une étude sur la prescription de médicaments pour des conditions mineures a déjà été publiée : PMID26600824
- On peut consulter le site Impact Pharmacie, en particulier la fiche synthèse «Prescription».
Ce qu’on se pose comme questions
- Est-ce que le fait que la prescription par des pharmaciens pour des conditions mineures soit remboursée par le gouvernement en Saskatchewan puisse avoir un impact sur les résultats obtenus?
- Est-ce que les résultats obtenus pour les 7 conditions mineures autorisées en Saskatchewan peuvent être généralisés pour d’autres conditions mineures?
- Est-ce que les résultats obtenus sont plutôt liés à l’évolution normale de la condition mineure?
- Quel est l’impact au niveau économique pour la société de la prescription pour des conditions mineures par des pharmaciens et quelles modalités de remboursement seraient idéales?
Ce que vous pouvez notamment faire
- Prescrire des médicaments pour des conditions mineures grâce à la loi 41.
- Faire de la publicité dans votre pharmacie pour promouvoir les conditions mineures pour lesquelles les pharmaciens peuvent prescrire.
- Établir un endroit spécifique aux consultations afin d’offrir une plus grande confidentialité offrant ainsi un environnement plus propice à la consultation pour des conditions mineures par les patients.
Auteurs : Roxanne Lessard-Hurtubise
Création : 21 octobre 2016