Ce que cette étude nous apprend
- Étude avant-après réalisée dans un hôpital de jour, Halifax, Canada
- L’étude inclut les ordonnances de chimiothérapies parentérales des patients traités dans l’hôpital de jour pour des cancers hématologiques . Les ordonnances comprenant également les dérivés du Mesna ou des essais cliniques, dont 143 ordonnances saisies sur une phase 1 pré implantation de 7 jours et 128 ordonnances saisies sur une phase 2 post implantation 6 jours.
- L’étude explore la faisabilité de déleguer aux assistants techniciens la saisie d’ordonnance de chimiothérapie des patients ambulatoires sur le logiciel informatique. Dans la phase 1 et 2, l’étape de screening est réalisée par le technicien préalablement formé et accrédité toujours suivi d’une vérification par le pharmacien clinicien oncologue. Dans la phase 2, la saisie de l’ordonnance informatique est déléguée au technicien dans le dossier du patient. Le technicien formé identifie le bon patient, le statut allergique, le protocole et renseigne les lignes de la prescription (p ex : médicaments, doses, fréquence, prescripteur, volume, date d’expiration). L’ordonnance est ensuite transmise à l’unité de reconstitution pour une nouvelle vérification pharmaceutique. Les étapes suivantes sont identiques dans la phase 1 et 2 avec vérification pharmaceutique de la chimiothérapie reconstituée.
- L’étude rapporte une diminution du temps moyen nécessaire à la saisie d’une ordonnance (phase 1 qui implique un pharmacien (1min 37) vs phase 2 qui implique le technicien (1min 20) (p = 0,044)). Sur une journée, la saisie dure en moyenne 33 minutes/j dans la phase 1 et 28,24 min dans la phase 2. Aucune différence significative n’a été relevée dans le temps total moyen de vérification des saisies (phase 1 : 1min21; phase 2 : 1min20). Le technicien est moins dérangé que le pharmacien lors de la saisie (phase 1 : 8 fois versus phase 2 : 5 fois).
- Trois erreurs ont été identifiées lors du processus de saisie dans la phase 1 contre 0 dans la phase 2 , comme par exemple des informations manquantes ou incorrectes,surface corporelle médicament, protocole / régime de chimiothérapie, force, dose, date d’administration, coût des médicaments / financement, signature du médecin, diluants IV. Une erreur a été identifiée dans la phase 2 contre 0 dans la phase 1 lors de l’étape de la vérification des prescriptions saisies sur le logiciel par le pharmacien et concernait une date incorrecte. Toutes les erreurs étaient jugées sans « effet » sur une échelle de 4 niveaux (sévère, significative, mineure, sans effet).
Ce que nous savions déjà
- Les rôles et les retombées du technicien en pharmacie dans le système de santé sont bien documentés. Nous avons recensé des articles indexés évaluant l’impact de l’implication du technicien en pharmacie dans le système de santé : PMID28179740, PMID28690691, PMID25628508
- On peut consulter le site Impact Pharmacie et la fiche synthèse Technicien en pharmacie et Hémato-oncologie
Ce qu’on se pose comme questions
- L’étude est-elle assez longue pour conclure sur la sévérité et l’efficacité du programme ?
- La présence d’un chronométrage n’a t’il pas biaisé les résultats ?
- Quel était la validité de l’échelle de codification des erreurs ?
- L’échantillon n’est-il pas trop petit pour généraliser les résultats ?
- Comment étaient formés les techniciens ?
- Cette expansion des responsabilités des techniciens au Canada est elle envisageable dans d’autres pays ?
Ce que vous pouvez notamment faire
- Élargir les compétences et responsabilité du technicien en pharmacie et disposer de plus de temps en clinique.
- Repenser la répartition des tâches.
- Partager davantage les rôles et les retombées de l’importance de l’implication du technicien en pharmacie dans le système de soins.
Auteurs : Mathilde Artus, Éléonore Ferrand
Création : 31/07/2017