Ce que cette étude nous apprend
- Étude randomisée contrôlée prospective menée entre juillet 2009 et mai 2013 et suivant 28 pharmaciens autorisés à prescrire dont 20 en pharmacies communautaires, 2 en cliniques externes et 6 en cliniques de soins primaires.
- Un total de 248 patients enrôlés et suivis pendant six mois dont 181 randomisés au groupe intervention et 67 au groupe contrôle.
- Cette étude randomisée contrôlée a évalué les retombées du pharmacien-prescripteur sur le contrôle de la pression artérielle des patients. Les patients du groupe contrôle ont reçu les soins usuels de leur pharmacien et de leur médecin à des intervalles de trois mois. Les patients du groupe intervention ont reçu des soins plus poussés du pharmacien (évaluation de la pression artérielle et du risque cardiovasculaire, éducation à propos de l’hypertension artérielle, prescription des antihypertenseurs, surveillance, ajustement de traitement et suivis tous les mois pendant six mois). Le médecin traitant a été avisé en personne ou par fax des résultats des évaluations et des changements apportés à la thérapie. Les patients ont été suivis tous les mois jusqu’à ce que leur pression artérielle soit dans les cibles pour deux rendez-vous consécutifs. Par la suite, les patients ont été suivis à des intervalles de trois mois pour la durée de l’étude.
- Différence ajustée dans la pression artérielle systolique après 6 mois: -18,3 mmHg et -11,8 mmHg dans les groupes intervention et contrôle respectivement; différence significative p=0,0006
- Différence ajustée dans la pression artérielle diastolique après 6 mois: -8 mmHg et -4,9 mmHg
dans les groupes intervention et contrôle respectivement; différence significative p=0,01 - Proportion de patients atteignant les cibles de pression artérielle du PECH: 58% vs 37% des patients dans les groupes intervention et contrôle respectivement; différence significative p=0,02
odds ratio 2,32 [IC 95%: 1,17-4,15]. - Nombre d’antihypertenseurs initiés: 103 antihypertenseurs au total dans le groupe intervention vs 20 antihypertenseurs dans le groupe contrôle.
- Nombre de changements de dose effectués: 94 changements (80 augmentations de doses et 14 diminutions de dose) dans le groupe intervention contre 20 changements (8 augmentations et 1 diminution) dans le groupe contrôle.
- Nombre d’antihypertenseurs cessés: 76 vs 15 dans les groupes intervention et contrôle respectivement.
- Nombre de patients s’étant vu prescrire de l’acide acétylsalicylique: 12 patients
vs 2 dans les groupes intervention et contrôle respectivement. - Nombre de patients s’étant vu prescrire une statine: 14 patients vs 2 patients dans les groupes intervention et contrôle respectivement
Ce que nous savions déjà
- Le rôle et les retombées du pharmacien en hypertension sont relativement bien documentés. En hypertension, des études recensent son implication aux niveaux des conseils individuels aux patients, de l’enseignement à l’extérieur du département de pharmacie, de l’évaluation de la pharmacothérapie, de la recherche évaluative, des réunions multidisciplinaires, de la surveillance de la pharmacothérapie, du suivi de conformité, du suivi d’effets indésirables, des tournées cliniques et des réponses aux questions. Toutefois, il existe peu de documentation sur le pharmacien en prescription. Dans ce domaine, le pharmacien effectue la prescription de certains médicaments, apporte des modifications aux ordonnances des médecins, initie et ajuste la médication en plus d’effectuer de l’optimisation, de la surveillance, de l’évaluation de la pharmacothérapie, des consultations, des examens cliniques, des diagnostics et des conseils aux patients. Le pharmacien fait aussi de la substitution de médicaments de même classe thérapeutique.
- On peut consulter le site Impact Pharmacie et les fiches synthèses «Hypertension» et «Prescription».
Ce qu’on se pose comme question
- Les pharmaciens ont-ils le temps d’intégrer la prise en charge des patients hypertendus dans leurs activités quotidiennes?
- Les patients de l’étude ont été recrutés sur une base volontaire. Se pourrait-il que ces patients ne soient pas représentatifs de la population hypertensive générale?
- Se pourrait-il que la fréquence plus élevée des rencontres avec le pharmacien pour les patients du groupe intervention ait permis d’atténuer l’effet du syndrome du sarrau blanc comparativement aux patients du groupe contrôle qui voyaient le pharmacien moins souvent?
Ce que vous pouvez notamment faire
- Réfléchir à la possibilité de permettre aux pharmaciens de faire la prescription d’antihypertenseurs, d’ajuster les thérapies et d’effectuer la surveillance de l’évolution de l’hypertension des patients hypertendus.
- Développer des partenariats de soins avec les médecins pour permettre une telle prise en charge.
Auteur : Émilie Mégrourèche
Relecteurs: Mylène Breton
Création : 24 juillet 2015
Publication : 16 décembre 2015