Ce que cette étude nous apprend
- Étude randomisée contrôlée, menée dans un service de psychiatrie d’une clinique ambulatoire, à Alfenas, au Brésil.
- Échantillon de 48 patientes, âgées de 18 à 64 ans, diagnostiquées dépressives, au stade initial de leurs traitements antidépresseurs. Vingt-six d’entres elles ont été randomisées dans le groupe intervention et 22 dans le groupe contrôle.
- Le groupe intervention a reçu un entretien de 1h30, basé sur la méthode Dader, avec un pharmacien ayant reçu 57 heures de formation sur cette méthode. (La méthode Dader a été créée en 1999 dans le cadre du Programme Dader par le « Grupo de Investifación en Atención Farmacéutica de la Universidad de Granada ». Le but de cette méthode est de mettre en place une procédure simple et structurée pour permettre le suivi pharmacothérapeutique du patient quels que soient la pathologie, le centre de soins ou le pharmacien. Le pharmacien obtient les informations sur le traitement de la patiente et peut éventuellement modifier la prescription, les dosages, donner des conseils pour améliorer l’observance etc.). Le groupe contrôle
a reçu un suivi usuel. Les patientes ont été suivies pendant une durée de trois mois. Les états dépressifs et anxieux des patientes ont été évalués lors des première et troisième séances en utilisant les «Beck Depression inventory» (BDI) et «Beck Anxiety Inventory» (BAI). Ces questionnaires comprennent chacun 21 items où le patient peut répondre entre 0 et 3. Le score total est calculé et définit les différentes intensités: minimale 0-11, moyenne 12-19, modérée 20-35, sévère 36-63. La satisfaction des patients a été évaluée en utilisant le «Pharmacy Services Questionnaire» modifié (18 questions). - Le score BDI chute de 13,5 points dans le groupe intervention et de 2,5 points dans le groupe contrôle, entre le début et la fin de l’intervention. Le score BAI chute de 13,0 points dans les groupe intervention et de 3,5 points dans le groupe contrôle. Les différences entre les deux groupes sont statistiquement significative avec un p=0,0275 pour le BDI et p=0,0194 pour le BAI.
- Après trois mois de suivi, 7 patients du groupe intervention contre 4 dans le groupe contrôle sont en rémission, c’est-à-dire ont un score BDI inférieur à onze.
- On retrouve une diminution de 80% des cas sévères dans le groupe intervention et de 60% dans le groupe contrôle ainsi qu’une diminution de 53,4% des cas modérés et 7,7% dans les groupes intervention et contrôle respectivement.
- 57 conséquences cliniques négatives dues au traitement ont été retrouvées chez 88% des patients. 64,9% ont été résolues par l’intervention du pharmacien.
- 47,4% des interventions ont été faites par le pharmacien, dont 16,7% n’ont pas été acceptées par le médecin ou le patient.
- Les patients ont été globalement satisfaits: score supérieur à 4 pour chaque item du questionnaire de satisfaction. De plus, 100% des patients proposeraient à leurs médecins de travailler avec un pharmacien ou recommanderaient un service pharmaceutique à leurs amis et proches. 95,8% des patients répondent affirmativement quand on leur demande s’ils voudraient continuer leurs visites chez le pharmacien ou avoir des consultations pharmaceutiques supplémentaires.
Ce que nous savions déjà
- Il existe peu de documentation sur le rôle et retombées du pharmacien chez les patients atteints de dépression. Différentes activités sont fréquemment mentionnées dans les articles : le bilan comparatif médicamenteux, les conseils aux patients en groupe ou en individuel, l’éducation thérapeutique, l’évaluation de la pharmacothérapie et sa surveillance.
- Plusieurs articles rapportent des indicateurs similaires. Par exemple, deux études utilisent le Beck Depression Inventory score pour évaluer la morbidité : PMID15011764, PMID15121348.
- La satisfaction globale des patients est évaluée dans un article : PMID15121348 .
- On peut consulter le site Impact Pharmacie et la fiche synthèse «Dépression».
- On peut consulter l’affiche «Rôle et retombées du pharmacien en dépression» présentée lors du congrès annuel de l’Association des Pharmaciens des Établissements de Santé du Québec, du 9 au 11 avril 2014, à Sherbrooke, Canada.
Ce qu’on se pose comme questions
- Quels sont les étapes de la méthode Dader précisément?
- Pourquoi ne pas avoir inclu de patients de sexe masculin dans l’étude?
- Aurait-on pu évaluer l’effet de l’intervention à plus long terme (6 mois par exemple)?
Ce que vous pouvez notamment faire
- Réfléchir à la mise en place de la méthode Dader dans les services de psychiatrie pour faire le suivi pharmacothérapeutique des patients atteints de dépression.
- Réfléchir au développement d’outils et de méthodes pour structurer la pratique et rendre plus efficient le suivi des patients.
Auteur: Fournier Dorine
Relecteurs: Mylène Breton
Création: 21 juillet 2015
Publication: 27 janvier 2016