Ce que cette étude nous apprend
- Étude pré-post menée dans 11 officines d’omnipraticiens du Wisconsin, États-Unis.
- Échantillon de 126 patients asthmatiques de 12 ans ou plus, suivis uniquement par leur omnipraticien et sans antécédents d’évènements graves reliés à l’asthme.
- Phase pré : au recrutement, les infirmières des 11 cabinets d’omnipraticiens ont récolté rétrospectivement (9 derniers mois) les nombres de consultations médicales, de visites à l’urgence, d’hospitalisations, de traitements de corticostéroïdes oraux ainsi que le taux d’absence au travail ou à l’école lié à l’asthme. Les participants ont rempli l’Asthma Control Test (ACT) et l’Asthma Quality of Life Questionnaire (AQLQ-M). Phase intervention : les mêmes 126 patients ont été inclus. L’intervention a duré 9 mois et a consisté en 6 rencontres entre le participant et le pharmacien clinique (à la base puis à 1, 2, 4, 6 et 9 mois). Des visites supplémentaires et facultatives (à 3, 5, 7 et 8 mois) ont aussi été offertes aux patients. Les entrevues se sont déroulées au cabinet des omnipraticiens. Elles étaient standardisées et comprenaient une vérification de la technique d’utilisation des inhalateurs, la complétion de l’ACT et de l’AQLQ-M, une évaluation de la pharmacothérapie, des recommandations de modifications médicamenteuses, le renforcement de l’observance, la fixation d’objectifs de contrôle et de l’éducation thérapeutique. À 9 mois, les infirmières ont récolté rétrospectivement les mêmes données qu’à la phase pré. 102 patients ont rencontré le pharmacien au moins 1 fois. Phase post : 9 mois après la fin de la phase intervention, les mêmes 102 patients ont été contacté. Les infirmières ont récolté rétrospectivement les mêmes données qu’à la phase pré. 93 patients ont complété les trois phases de l’étude.
- Le nombre moyen de visites à l’urgence ou d’hospitalisations par patient est demeuré stable, passant de 0,37 en pré, à 0,26 en intervention (p=0,052), puis à 0,36 en post (p=0,833).
- Le nombre moyen de visites à l’urgence ou d’hospitalisations par patient a diminué pour les patients avec un mauvais contrôle de l’asthme à la base, passant de 0,42 en pré à 0,24 en intervention (p=0,016).
- Le nombre moyen de visites à l’urgence ou d’hospitalisations par patient n’a pas diminué de façon durable pour les patients avec un mauvais contrôle de l’asthme à la base, passant de 0,42 en pré à 0,38 en post (p=0,64).
- Le nombre de patients avec un asthme contrôlé a augmenté, passant de 38 (30,2%) en pré à 64 (50,8%) en intervention (p<0,0001).
- Le nombre de patients avec un asthme contrôlé a augmenté de façon durable, passant de 38 (30,2%) en pré à 68 (54,0%) en post (p<0,0001).
- Le score moyen ACT s’est amélioré, passant de 16,76 en pré à 18,87 en intervention (p<0.0001).
- Le score moyen ACT s’est amélioré de façon durable, passant de 16,76 en pré à 19,02 en post (p<0,0001).
- Le score moyen AQLQ-M s’est amélioré, passant de 20,65 en pré à 15,79 en intervention (p<0.0001).
- Le score moyen AQLQ-M s’est amélioré de façon durable, passant de 20,65 en pré à 15,43 en post (p<0,0001).
- Le taux de patients sous corticostéroïdes inhalés a augmenté, passant de 71,43% en pré à 83,33% en intervention (p=0,024).
- Le taux de patients sous antagonistes des récepteurs aux leucotriènes est demeuré stable, passant de 26,98% en pré à 30,95% en intervention (p=0,488).
Ce que nous savions déjà
- Le rôle et les retombées du pharmacien dans l’asthme sont bien documentés. Plusieurs articles décrivent le rôle du pharmacien en terme de conseils individuels au patient et d’évaluation de l’utilisation des médicaments. D’autres publications décrivent le rôle du pharmacien concernant les médicaments de prévention et de secours pour les crises d’asthme.
- Deux études ont rapporté des retombées positives du pharmacien sur les visites à l’urgence PMID7711346 , PMID12635454 . Trois études ont mentionné des retombées positives du pharmacien sur les hospitalisations PMID11494786 , PMID11601666 , PMID12635454 . Une étude décrit l’impact du pharmacien sur les visites à l’urgence et les hospitalisations pour un problème en lien avec l’asthme PMID16602223 .
- On peut consulter le site Impact pharmacie et la fiche synthèse «asthme».
Ce qu’on se pose comme questions
- L’inclusion des données d’un groupe contrôle aurait-elle permis d’obtenir des résultats semblables?
- L’intervention serait-elle réalisable et efficace en pharmacie communautaire?
- Une durée de suivi de 12 mois par phase au lieu de 9 mois par phase aurait-elle permis de détecter des variations saisonnières dans le contrôle de l’asthme?
- La collecte rétrospective de données sur 9 mois auprès des patients introduit-elle un biais de mémoire important?
Ce que vous pouvez notamment faire
- Évaluer la possibilité d’utiliser des outils validés comme l’ACT ou l’AQLQ-M pour évaluer le contrôle de l’asthme des patients dans votre milieu de pratique.
- Construire une grille d’éléments essentiels à vérifier pour le suivi de la pharmacothérapie de l’asthme et la partager avec vos collègues.
- Proposer un suivi conjoint des patients asthmatiques basé sur une collaboration et un partage de données cliniques entre omnipraticiens et pharmaciens communautaires.
Auteur: Emile Demers
Relecteur: Mylène Breton
Création: 29 mai 2015
Publication: 9 septembre 2015