Diagnostic de maladies de la peau : le pharmacien peut-il se mesurer à un médecin généraliste?

Tucker R, Patel M, Layton AL, Walton S. An exploratory study demonstrating the diagnostic ability of healthcare professionals in primary care using online case studies for common skin conditions. Int J Pharm Pract. 2014 Apr;22(2):119-24.

Ce que cette étude nous apprend

  • Étude sous forme de sondage, transversale au sein de la communauté professionnelle de Yorkshire, Royaume-Uni.
  • Échantillon de 60 professionnels de la santé dont 20 pharmaciens communautaires, 20 infirmières et 20 médecins généralistes.
  • Dix études de cas ont été préparées par l’auteur avec l’aide d’une dermatologue et d’une pharmacienne. Ces cas ont ensuite été revus indépendamment par un dermatologue, un médecin généraliste dont la pratique est tournée vers la dermatologie, une infirmière spécialisée en dermatologie et un pharmacien. Toutes les études de cas avaient le même format et incluaient une image de l’affection de la peau et une histoire de cas. Ces cas ont ensuite été mis en ligne via un site internet. Des pharmaciens, des infirmières et des médecins ont reçu une invitation par courriel pour participer et compléter le test. Les participants ont dû identifier l’affection de la peau à partir d’une liste de cinq options. Cette liste incluait la bonne réponse, trois diagnostics différentiels et une réponse «je ne sais pas». Les scores diagnostics obtenus ont été compilés et comparés entre les professionnels.
  • Différence significative entre le score obtenu par les médecins généralistes comparé au score obtenu par les pharmaciens et les infirmières (p<0,05) (scores: 6,2 [95% IC: 5,35-6,9] pour les pharmaciens ; 7,0 [95%: 6,1-7,9] pour les infirmières; 8,8 [95%: 7,9-9,6] pour les médecins généralistes). Un point est accordé par affection identifiée correctement pour un score maximal de 10.
  • Teignes, verrues plantaires et gale représentent les affections de la peau pour lesquelles la précision du diagnostic des pharmaciens est similaire à celle des médecins généralistes
  • Au total, au moins 40% des pharmaciens ont identifié correctement l’ensemble des affections de la peau à l’exception du papillome basocellulaire (l’ensemble des trois groupes ayant éprouvé des difficultés à l’identifier).
  • Le score diagnostic était significativement plus élevé chez les hommes (p<0,002), chez les professionnels ayant une formation supplémentaire en dermatologie (p<0,029) et chez ceux qui avait déjà rencontré l’affection en question auparavant (p<0,025).

Ce que nous savions déjà

  • Il existe peu de documentation sur le rôle et les retombées du pharmacien en dermatologie. Quelques études recensent son implication aux niveaux des conseils aux patients, du renforcement des informations sur le traitement données par d’autres professionnels et dans les recommandations d’utilisation de médicaments.
  • Notons toutefois qu’au niveau légal, le pharmacien n’est pas habilité à poser de diagnostic. Il est cependant appelé à reconnaître différentes affections à des fins de triage. Il est donc intéressant d’évaluer cette capacité comme l’a fait cette étude.
  • On a recensé une étude traitant du diagnostic de maladies de peau communes soit LID103
  • On peut consulter le site Impact Pharmacie et la fiche synthèse «Dermatologie»

Ce qu’on se pose comme question

  • La méthode d’échantillonnage utilisée dans l’étude a-t-elle pu influencer les résultats?
  • Le petit nombre de professionnels recrutés a-t-il permis l’obtention de résultats généralisables?
  • Les résultats ont-ils été influencés par les différences entre les caractéristiques (sexe, formation plus poussée en dermatologie, expositions antérieures à la maladie) des trois groupes de professionnels?
  • Les professionnels ont-ils consulté des ressources parallèlement à la complétion du sondage?
  • Le temps pris pour la complétion du sondage n’étant pas mesuré, les professionnels ont-ils tous pris le même temps pour y répondre?

Ce que vous pouvez notamment faire

  • Réfléchir à la pertinence et à la possibilité de développer l’habileté du pharmacien à identifier certaines pathologies spécifiques pour faciliter la référence.
  • Réfléchir aux retombées possibles d’un tel élargissement de pratique sur le système de santé.
  • Élaborer des outils d’aide au triage pour les affections communes de la peau et les partager.

Auteur : Émilie Mégrourèche
Relecteurs: Jean-François Bussières et Mylène Breton
Création : 13 mai 2015
Publication : 20 mai 2015

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