Richter A, Bates I, Thacker M, Jani Y, O’Farrell B, Edwards C, Taylor H,
Shulman R. Impact of the introduction of a specialist critical care pharmacist on
the level of pharmaceutical care provided to the critical care unit. Int J Pharm
Pract. 2016 Aug;24(4):253-61.
Ce que cette étude nous apprend
- Étude avant-après prospective réalisée dans trois unités de soins intensifs de trois hôpitaux universitaires du centre-nord de Londres, Royaume-Uni.
- L’étude se déroule en deux phases de 6 semaines. La première est réalisée d’avril à juin 2009 et implique dans le centre test un pharmacien non spécialiste. La seconde d’avril à juin 2010 et implique un pharmacien spécialiste en poste depuis 4 mois au sein de la même unité de soins intensifs. Les deux autres unités disposent de pharmaciens spécialistes et servent de contrôle pour l’étude.
- L’objectif de l’étude est d’évaluer l’impact de l’introduction d’un pharmacien spécialiste en soins intensifs et de le comparer à un pharmacien clinicien non-spécialiste à partir des données issues de la revue de médication.
- Le nombre moyen d’interventions/jour a augmenté suite à l’introduction du pharmacien spécialiste; 2,69 interventions/j en moyenne contre 5,45 interventions/j en phase 2 (p < 0,0005). (Contrôle centre 1 : 10.53/j en phase 1 vs 10.35/j en phase 2, centre 2 : 7.55/j en phase 1 vs 8.65/j en phase 2). Les deux interventions les plus fréquentes en phase 2 concernaient le changement de dose et l’ajout d’une thérapie pour une indication non traitée. Une augmentation significative d’interventions relatives à l’arrêt de thérapie est également observée entre la phase 1 et la phase 2.
- Davantage d’interventions proactives sont réalisées par le spécialiste; 4,89 contre 2,05, (p < 0,0005).
- L’intervention est associée à une meilleure détection quotidienne des erreurs par le pharmacien spécialiste; 3.84 en moyenne contre 1,71 (p < 0,05). (Contrôle centre 1 : 7.10/j en phase 1 vs 7.47/j en phase 2, centre 2 : 6.79/j vs 8.47/j en phase 2).
- La majorité des interventions ont potentiellement empêché des erreurs évaluées comme étant modérés en phase 2 ( 52.7% vs 66.7% en phase 1), suivi des erreurs évaluées faibles (24.7% vs 15.35%) et sevères (22.6% vs 16.7%).
- L’acceptation des interventions par l’équipe médicale ne diffère pas selon le statut du pharmacien; 90% dans les deux phases.
Ce que nous savions déjà
- Le rôle et les retombées du pharmacien en soins intensifs sont relativement bien documentés. D’autres études décrivent les retombées du pharmaciens dans ce domaine PMID22821310, PMID10422996
- On peut consulter le site Impact Pharmacie et la fiche synthèse sur les soins intensifs.
Ce qu’on se pose comme question
- L’augmentation des interventions réalisées par le pharmacien est-elle réellement due à l’expertise du pharmacien spécialiste? Ou à un autre facteur (p.ex. pharmacien plus proactif)?
- L’impact aurait-il été plus grand si l’étude était réalisée plusieurs mois suivant l’introduction du pharmacien spécialiste à l’unité des soins intensifs (p.ex. après 1 an au lieu de 4 mois)?
- Les cohortes de patients ne sont pas nécessairement similaires dans les deux phases, cela a t’il eu un impact sur les résultats ?
- Quelle est l’évolution clinique des patients suite aux interventions?
- Quelle est la satisfaction de l’équipe?
- Le site à l’étude ne disposait pas de système informatique de prescription, les résultats auraient ils été encore plus significatif en présence d’un tel outil ?
Ce que vous pouvez notamment faire
- Être un pharmacien proactif pour maximiser le nombre d’interventions nécessaires à l’optimisation de la pharmacothérapie.
- Évaluer la possibilité d’introduire un pharmacien spécialiste dans l’unité de soins intensifs de votre établissement.
Auteur : Sarah Pelletier, Éléonore Ferrand
Création : 4 août 2017