Mathew S, Chamberlain C, Alvarez KS, Alvarez CA, Shah M. Impact of a
Pharmacy-Led Pain Management Team on Adults in an Academic Medical Center. Hosp
Pharm. 2016 Sep;51(8):639-645.
Ce que cette étude nous apprend
- Étude observationnelle rétrospective réalisée dans un établissement de santé universitaire à Dallas, Texas, États-Unis.
- Échantillon de 100 patients adultes (âge moyen:43 ans) admis entre le 1er novembre 2009 et le 1er novembre 2011 et atteints de douleur aiguë et/ou chronique.
- 43% des patients avaient des antécédents de toxicomanie et 22% des patients avaient des antécédents psychiatriques. La majorité des patients ont rapporté une douleur aiguë, soit seule ou secondaire à une douleur chronique, et les sites douloureux les plus fréquents concernaient le dos et l’abdomen. 88% des patients prenaient des opioïdes avant leur admission.
- L’intervention consistait en la mise en place d’un service de consultation pour la gestion de la douleur par un pharmacien spécialiste. Ce service implique une évaluation de la douleur, de la pharmacothérapie, des effets indésirables, du statut fonctionnel des patients et tout autre facteur pouvant influencer la gestion de la douleur. La douleur des patients a été évaluée par un score de douleur, allant de 0 à 10, calculé à partir de la documentation des infirmières 24H avant et 24H après la visite du pharmacien et renouvelé 24H avant le congé du patient.
- 585 des 821 interventions faites par le pharmacien concernaient la douleur, dont 24,3% suggéraient l’ajout d’opioïdes, 14,9% l’ajout d’un autre agent antalgique et 18.5% l’augmentation des doses. Les autres interventions non relatives à la douleur (236) concernaient la prise en charge des effets indésirables comme la constipation (33%) et les nausées/vomissements (19.5%).
- Les scores moyens de douleurs ont été améliorés suite à la consultation avec le pharmacien. En effet, le score pré-consultation était de 6,15. 24H après la consultation, le score était de 3,25 (p < 0,001) et 24H avant le congé, le score moyen était de 2,6 (p < 0,001).
- Parmi les 100 patients à l’étude, 86,6% des 82 patients ayant plus de 2 notes de consultation au dossier ont présenté une amélioration de leurs fonctions telles que le sommeil, la mobilité et l’appétit.
- Huit patients ont été réadmis en raison de leur douleur après 14 jours et 14 patients après 30 jours.
Ce que nous savions déjà
- Le rôle et les retombées du pharmacien dans la prise en charge de la douleur sont relativement bien documentés. Des études décrivant une réduction la douleur grâce aux interventions du pharmacien ont déjà été publiés, dont une méta-analyse PMID24480911
- On peut consulter le site Impact Pharmacie et la fiche synthèse sur la douleur.
Ce qu’on se pose comme question
- L’intervention a-t-elle conduit à un meilleur usage des opioïdes ?
- Quels auraient été les résultats si cette intervention avait été comparé à un groupe contrôle ?
- Les résultats auraient-ils été les mêmes avec un plus grand échantillon ou dans une autre catégorie d’âge?
- Quelle était l’observance des patients qui ont été réadmis à 14 jours et 30 jours?
- Compte tenu des antécédents de toxicomanie qui concernent 43% des patients, quelle est la persistance de l’intervention dans le temps ?
- Les infirmières ont-elles bien documenté la douleur des patients ?
- Quel est le coût par rapport aux bénéfices de ces interventions ?
Ce que vous pouvez notamment faire
- Profiter du suivi rendu possible grâce à l’hospitalisation des patients pour mesurer l’efficacité des interventions.
- Conseiller les patients sur la gestion de leurs douleurs.
- Faire le suivi de l’efficacité du traitement et des effets indésirables.
- Épargner les prescriptions d’opioïdes lorsque non nécessaires.
- Relayer l’information au pharmacien de ville.
Auteur : Sarah Pelletier, Éléonore Ferrand
Création : 7 août 2017