La confiance en soi, le sommeil ou la présence du pharmacien : comment diminuer les erreurs en réanimation pédiatrique?

Porter E, Barcega B, Kim TY. Analysis of medication errors in simulated pediatric resuscitation by residents. West J Emerg Med. 2014 Jul;15(4):486-90. doi: 10.5811/westjem.2014.2.17922. PubMed PMID: 25035756; PubMed Central PMCID: PMC4100856.

Ce que cette étude nous apprend

  • Étude observationnelle prospective menée au sein du centre de simulation de l’hôpital universitaire pour enfants de Loma Linda (CA), États-Unis.
  • Échantillon de 46 résidents de première et troisième année en médecine, rotation de médecine d’urgence pédiatrique.
  • Les chercheurs ont filmé et évalué les séances de simulation en réanimation pédiatrique. Les séances se déroulaient à l’aide de mannequins pouvant simuler des réponses physiologiques aux interventions des résidents. Les scénarios simulés ont été développés par une équipe multidisciplinaire d’infirmières, de pédiatres, d’intensivistes, d’urgentologues, d’inhalothérapeutes et de pharmaciens. Les chercheurs ont distribué un questionnaire aux résidents avant la simulation, évaluant leur niveau de confiance à l’aide d’échelles visuelles analogues. Tous les scénarios exigeaient au moins une prescription médicamenteuse. Des inhalothérapeutes et infirmières étaient présents durant toutes les simulations comme membres de l’équipe de soins, tandis que le pharmacien était présent à 46,9% des simulations, selon la disponibilité. Au final, les données de 49 simulations ont été incluses dans l’analyse.
  • Les pharmaciens ont corrigé 71,4% des erreurs médicamenteuses commises par les résidents, tandis que les infirmières et les inhalothérapeutes en ont corrigé tous deux 14,3%. Durant les 23 simulations avec pharmacien, trois erreurs médicamenteuses ont été commises et non-corrigées.
  • Une analyse univariée révèle que le taux d’erreurs lorsque le pharmacien était présent était de 13,0%, tandis qu’il était de 38,5% lorsqu’il était absent (p=0,04). Des associations significatives par analyses univariées ont aussi été faites entre les taux d’erreurs et le fait d’avoir dormi plus de huit heures la veille de la simulation (p=0,01), le niveau de confiance des résidents (p=0,04) et le nombre d’années d’études (p=0,04). Les associations non significatives concernent le fait d’avoir de l’expérience en réanimation pédiatrique (p=0,60) et le fait d’avoir utilisé des références durant la simulation (p=0,74).
  • Après régression logistique multivariée des associations significatives, seule la présence du pharmacien a présenté un effet protecteur significatif au niveau des erreurs médicamenteuse (p=0,02). L’effet protecteur n’était pas significatif pour le nombre d’années d’étude (p=0,80), ni les heures de sommeil la veille (p=0,28) ni le niveau de confiance en soi (p=0,10).

Ce que nous savions déjà

  • Le rôle et les retombées du pharmacien en pédiatrie sont assez bien documentés. Les activités pharmaceutiques recensées dans ce domaine vont du bilan comparatif des médicaments à la pharmacocinétique, en passant par les tournées cliniques, les réponses aux questions et la prévention, entre autres.
  • Deux études rapportent les retombées positives du pharmacien dans la réduction des erreurs médicamenteuses graves lorsque le pharmacien est membre de l’équipe de soins à l’étage PMID18574016, PMID17200262 . Une autre étude décrit les retombées positives du pharmacien dans la sévérité clinique des erreurs médicamenteuses détectées PMID22392558.
  • On peut consulter le site «Impact Pharmacie» et la fiche synthèse «Pédiatrie». On peut aussi consulter l’affiche «Retombées et rôle des pharmaciens en pédiatrie» présentée au Rendez-vous de la recherche pharmaceutique de la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal, en décembre 2013 à Montréal (Qc.), Canada.

Ce qu’on se pose comme questions

  • Les pharmaciens présents aux simulations prodiguaient-ils d’autres conseils aux résidents, mise à part la correction des erreurs médicamenteuses?
  • Un essai randomisé contrôlé avec une grande taille d’échantillon, avec la présence d’un pharmacien comme intervention, donnerait-il des résultats semblables?
  • Quelle était la gravité des erreurs potentielles interceptées et quelle était celle des erreurs réellement commises?

Ce que vous pouvez notamment faire

  • Vérifier si des pharmaciens participent à la préparation de cas simulés pour la formation des professionnels de la santé de votre milieu de pratique.
  • Parcourir la documentation relative aux cas de réanimation pédiatrique de votre établissement pour retracer les principales erreurs médicamenteuses commises et les transmettre aux prescripteurs de l’établissement.
  • Réfléchir à la possibilité d’impliquer le pharmacien dans les activités de réanimation de votre milieu de pratique, si ce n’est pas déjà fait.

Auteur : Émile Demers

Relecteur : Mylène Breton

Création : 29 juillet 2015

Publication : 18 novembre 2015

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Un commentaire

  1. sylviamilad · novembre 18, 2015

    cet article montre l’importance de la presence du pharmacien et qu’il soit alert contre les erreurs medicamenteuses.

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