Ce que cette étude nous apprend
- Étude randomisée contrôlée réalisée en clinique externe de neurologie, au sein de l’hôpital universitaire Huashan à Shanghaï, en Chine.
- Recrutement et randomisation de 124 patients épileptiques de 16 ans et plus.
- Les patients éligibles devaient être sous anti-épileptiques depuis plus de 6 mois et avoir oublié une dose au moins une fois durant les 6 derniers mois. Cinquante-neuf patients ont été randomisés dans le premier groupe intervention et 65 patients ont été randomisés dans le deuxième groupe intervention. Les patients du premier groupe ont reçu une éducation thérapeutique écrite et orale de la part du pharmacien en clinique externe. Puis le pharmacien a réalisé le suivi mensuel de l’observance par téléphone pendant six mois. Dans le deuxième groupe, en plus de cette même intervention, le pharmacien a ajouté un schéma thérapeutique personnalisé et imprimé . Ce schéma comprenait le nom et l’image des anti-épileptiques du patient, associés à des moments précis de la journée et adaptés au mode de vie de chaque participant. Le Morisky Medication Adherence Scale (MMAS-4) pour l’observance, le Quality of Life in Epilepsy Inventory (QOLIE-31) pour la qualité de vie, une échelle de connaissances de l’épilepsie montée par les chercheurs et le nombre de crises dans les six derniers mois sont les données qui ont été récoltées à la base et à six mois.
- Le nombre de participants observants était plus élevé à six mois qu’à la base et ce, pour les deux groupes (p<0.0001). Il n’y avait pas de différences entre les deux groupes (p=0,827).
- Le nombre de crises d’épilepsie dans les six derniers mois était plus faible à six mois qu’à la base et ce, pour les deux groupes (p<0.0001). Il n’y avait pas de différences entre les deux groupes (p=0,988).
- Les connaissances des patients sur l’épilepsie étaient meilleures à 6 mois qu’à la base et ce, pour les deux groupes (p<0.0001). Il n’y avait pas de différences entre les deux groupes (p=0,231).
- La qualité de vie des patients était meilleure à six mois qu’à la base et ce, pour les deux groupes (p<0.0001). Il n’y avait pas de différences entre les deux groupes (p=0,947).
Ce que nous savions déjà
- Il existe peu de documentation sur le rôle et l’impact du pharmacien dans la prise en charge de l’épilepsie. Les activités pharmaceutiques recensées comprennent l’évaluation et la surveillance de la pharmacothérapie, les conseils aux patients ou encore la pharmacocinétique.
- Une étude rapporte les retombées positives du pharmacien dans la qualité de vie telle que mesurée par QOLIE-31 ainsi que les retombées positives en termes de patients observants PMID22953768.
- On peut consulter le site Impact pharmacie et la fiche synthèse «Épilepsie».
Ce qu’on se pose comme questions
- Les résultats auraient-ils été aussi concluants s’ils avaient été comparés à un groupe contrôle sans intervention particulière du pharmacien?
- Les résultats peuvent-ils être attribués aux interventions des autres professionnels de santé de la clinique externe, tels que le neurologue?
- Quel est l’importance des retombées propres aux appels téléphoniques et de celles propres aux séances d’éducation thérapeutique sur l’observance?
- Les résultats d’observance auraient-ils été aussi concluants s’ils avaient été mesurés autrement que selon le patient, comme par décompte de comprimés?
Ce que vous pouvez notamment faire
- Évaluer la possibilité d’utiliser régulièrement des outils validés pour mesurer l’observance et la qualité des patients épileptiques dans votre milieu de pratique.
- Instaurer un système de rappels téléphoniques ou informatiques, personnalisé ou automatique, auprès des patients épileptiques inobservants.
- Identifier les patients dont l’inobservance les expose à un risque important de crises et leur proposer des pistes de solutions qui incluent des schémas thérapeutiques personnalisés.
Auteur : Émile Demers
Relecteur: Mylène Breton
Création : 12 juin 2015
Publication : 7 octobre 2015