Ce que cette étude nous apprend
- Étude observationnelle prospective réalisée au deuxième hôpital affilié à l’École de médecine de l’Université Zhejiang, à Hangzhou en Chine.
- Les données relatives aux conseils pharmaceutiques et aux erreurs médicamenteuses ont été extraites du système informatique interne de l’hôpital, entre 2008 et 2012.
- Les pharmaciens ont rassemblé toute information relative aux allergies croisées en parcourant les monographies des médicaments et les bases de données de l’Association pharmaceutique chinoise. Une équipe multidisciplinaire menée par les pharmaciens a implanté un programme de mesures éducatives et préventives sur les unités de soins et à la pharmacie centrale. Un système de pharmacovigilance a été mis en place pour avertir tout le personnel médical de chaque incident d’allergie croisée. Des protocoles standardisés de gestion des allergies croisées ont été implantés sur les unités de soins. Un champs réservé aux informations d’allergies croisées a été ajouté au logiciel de dossier-patient de la pharmacie centrale. Une échelle de risque validée a été utilisée pour évaluer la possibilité et la gravité des erreurs médicamenteuses. Le nombre et la nature des interventions des pharmaciens concernant les allergies croisées ont été recensés.
- Suite à l’instauration du programme d’interventions pharmaceutiques, le nombre moyen d’erreurs médicamenteuses relatives aux allergies croisées a diminué de 97% (120 par année en 2008 à 3 par année en 2012).
- Suite à l’instauration du programme d’interventions pharmaceutiques, le nombre moyen de questions posées aux pharmaciens par les médecins et les infirmières en matière d’allergies croisées a diminué de 67% (60 par mois avant août 2008 à 20 par mois en août 2009).
- Suite à l’instauration du programme d’interventions pharmaceutiques, le taux de pharmaciens pouvant répondre adéquatement aux questions d’allergies croisées est passé de 60% avant août 2008 à 90% en août 2009.
- Suite à l’instauration du programme d’interventions pharmaceutiques, la cote de risque attribuée aux possibilités et à la gravité potentielle d’erreurs médicamenteuses relatives aux allergies croisées est passée de 25/25 avant août 2008 à 6/25 en décembre 2012.
Ce que nous savions déjà
- Il existe peu de documentation sur le rôle et l’impact du pharmacien en allergie. Les études réalisées à cet effet décrivent son implication notamment au niveau des conseils individuels aux patients et des réponses aux questions, ainsi qu’au sein des centres hospitaliers universitaires et des pharmacies communautaires.
- On peut consulter le site Impact pharmacie et la fiche synthèse «Allergie».
- On peut consulter l’affiche « Rôle et retombées du pharmacien en allergie » présentée au congrès annuel de l’APES en avril 2014, Sherbrooke, Canada.
Ce qu’on se pose comme questions
- Est-il possible que les effets observés puissent s’expliquer par d’autres facteurs que le programme d’interventions pharmaceutiques?
- Parmi l’ensemble des nouvelles mesures implantées en même temps, certaines seraient-elles plus importantes ou plus efficaces que d’autres?
- La diminution des erreurs médicamenteuses a-t-elle permis pour autant de diminuer les effets indésirables reliés à ces erreurs?
Ce que vous pouvez notamment faire
- Évaluer l’importance accordée à la prévention et à la gestion des allergies médicamenteuses croisées dans votre milieu de pratique.
- Vérifier si les alertes, contre-indications et mises en gardes relatives aux allergies médicamenteuses croisées sont régulièrement mises à jour dans votre milieu de pratique.
- Monter une banque de données d’allergies médicamenteuses croisées concernant les substances utilisées régulièrement dans votre milieu de pratique et la rendre disponible pour vos collègues.
Auteur : Émile Demers
Relecteurs: Mylène Breton
Création : 20 mai 2015
Publication : 3 juin 2015