
Le pharmacien communautaire améliore t’il l’adhérence et la qualité de vie des patients psychiatriques ?
Ce que cette étude nous apprend
- Étude observationnelle, prospective dans 100 pharmacies communautaires dans 3 états d’Australie.
- L’étude inclut 418 patients âgés de plus de 18 ans, autonomes à domicile, entre octobre 2013 et novembre 2014, ayant un traitement pour une maladie psychiatrique commune (anxiété, dépression) ou une autre maladie psychiatrique suivis par un médecin généraliste pour lesquelles ont été identifié des problèmes liés aux médicaments. 295 patients ont completé le programme intégralement.
- L’intervention du pharmacien consistait à offrir un suivi de 3 à 6 mois aux patients grâce à des entretiens physiques, téléphoniques ou parfois par courriel selon un programme de 6 étapes comprenant l’identification, la prévention, la gestion des problèmes liés aux médicaments, la promotion de bonnes habitudes de vie, un plan de traitement personnalisé.
- La fréquence de suivi des patients varie entre 0 et 23 entrevues par patients.
- La majorité d’entre eux (231/416) a bénéficié de 2 entrevues et plus, majoritairement en face à face (640/778) suivi par des appels téléphoniques (130/778) .
- Sur la base de 2 entrevues, le temps moyen passé par le pharmacien pour réaliser l’intégralité de l’intervention est de 110 minutes.
- L’intervention du pharmacien est associée à une amélioration significative du score moyen de satisfaction global (T1 : 80.9 vs T2: 84.2 avec n=286, p<0,001) et du score de l’efficacité du traitement (T1 : 74.8 vs T2: 78.8, avec n=276, p<0,001) tous deux mesurés par l’outil Treatment Satisfaction Questionnaire for Medication (TSQM).
- L’intervention du pharmacien est associée à une amélioration significative du score moyen de perception de la maladie mesuré par
- L’outil Brief Illness Perception Questionnaire (BIPQ): T1:44.8 vs T2: 38.8, p<0.001.
- L’outil Short Form 12 Health Survey (SF-12) pour la composante mentale: T1:49.3 vs T2:46.1, avec n= 267, p<0.001. Aucun changement n’a été constaté dans la composante physique entre T1 et T2.
- A 6 mois, on note également une diminution des patients avec une basse adhérence (n=158, 56,6% vs n=121, 43,4%), et une augmentation des patients avec une moyenne adhérence (n=106, 42,4% vs n=144, 57,6%) (p=0,005) évalué avecle Modified Morisky Medication Adherence (MMMAS).
- Le service offert a reçu une statisfaction positive (278/283) rapporté comme étant moteur de motivation (222/284), moteur d’autonomie pour la gestion de la maladie (222/284).
Ce que nous savions déjà
- Les rôles et les retombées du pharmacien dans la prise des patients psychiatriques sont bien documentés. Nous avons recensé des articles indexés montrant une augmentation de l’adhérence médicamenteuse chez les patients psychiatriques dans les pharmacies communautaires (PMID15812103) et dans des centres hospitaliers (PMID12185826, PMID19933540).
- Nous avons recensé deux études indexées démontrant simultanément l’augmentation de l’adhérence médicamenteuse et la satisfaction des patients par rapport à leur traitement : PMID26376830, PMID14524649
- Une étude révèle la satisfaction des patients psychiatriques de l’intervention des pharmaciens communautaires pour la prise en charge de leur maladie : PMID12480116
- On remarque également une amélioration des connaissances et croyances des patients envers leur maladie psychiatrique dans une étude : PMID15991756
- On peut consulter le site Impact Pharmacie et la fiche synthèse Psychiatrie
Ce qu’on se pose comme questions
- Les résultats de cette étude sont-ils généralisables à tous types de maladies psychiatriques ?
- La mesure de l’adhérence médicamenteuse confirmée avec les renouvellements de prescriptions présenterait elle les mêmes résultats?
- Quel est l’effet à plus long terme ?
- Le résultat est il plus optimal avec les entrevues physiques ou téléphoniques ?
- Le recours à un groupe contrôle aurait il donné les mêmes résultats ?
- Quel est le coût associé à ce service et son impact en terme de consultations chez le spécialiste ou les visites aux urgences ?
- Les chercheurs n’ont pas décrit ni le diagnostic, ni la date ni les traitements rendant la population hétérogène.
Ce que vous pouvez notamment faire
- Implanter des suivis des patients psychiatriques dans vos pharmacies communautaires ( téléphoniques ou face-à-face) et insister lors de l’initiation des traitements.
- Disposer d’un espace dédié à l’entrevue avec les patients.
- Utiliser des outils, lors des suivis, pour évaluer les perceptions, les satisfactions des patients et mesurer l’efficacité des traitements. Les questionnaires pourraient être remplis en salle d’attente.
- Lire davantage sur les rôles et retombées du pharmacien dans cette population.
Auteurs : Mathilde Artus, Éléonore Ferrand
Création : 31/07/2017
Publication :