Une intervention éducative ponctuelle peut-elle améliorer la technique d’utilisation de pompes pour l’asthme et la MPOC chez les patients âgés?

Bouwmeester C, Kraft J, Bungay KM. Optimizing inhaler use by pharmacist-provided education to community-dwelling elderly. Respir Med. 2015 Oct;109(10):1363-8. doi: 10.1016/j.rmed.2015.07.013. Epub 2015 Jul 20.

Ce que cet article nous apprend

  • Étude observationnelle prospective en milieu ambulatoire, à Mattapan, aux Massachusetts (États-Unis).
  • Échantillon de 42 patients éligibles au programme PACE (ayant au moins 55 ans, nécessitant des services infirmiers, pouvant demeurer dans la communauté, habitant dans une zone desservie par le programme), résidant à domicile ou dans une résidence avec soins et recevant un traitement d’entretien sous forme d’inhalateur pour l’asthme et/ou la MPOC tout au long de l’étude.
  • Un pharmacien ou un étudiant en pharmacie supervisé par un pharmacien était assigné à chacun des patients. Les interventions avaient lieu soit dans le centre de services de jour ou au domicile du patient, selon la préférence de ce dernier et duraient 30 minutes. Il y avait 2 contacts entre le pharmacien et le patient. Lors du premier contact, le pharmacien demandait au patient de montrer comment il utilise habituellement son inhalateur à l’aide d’un démonstrateur placebo correspondant. Le pharmacien évaluait la technique en remplissant une grille standardisée. Par la suite, le pharmacien faisait de l’enseignement sur la bonne méthode d’inhalation et demandait au patient de répéter à l’aide du démonstrateur. Le patient devait maîtriser chaque étape avant de passer à la suivante. Par après, le pharmacien demandait au patient de refaire le tout depuis le début et l’évaluait à nouveau en utilisant la même grille. Lors du second contact, 4 à 6 semaines plus tard, les patients étaient revus par le même pharmacien ou étudiant en pharmacie que lors de leur premier contact. Le pharmacien demandait au patient de refaire une démonstration de sa technique d’utilisation de l’inhalateur et l’évaluait à l’aide de la même grille.
  • Le score moyen sur la technique d’utilisation des inhalateurs était de: 14,0/20 avant l’intervention, 18,2/20 immédiatement après l’intervention (p<0,001) et 17,7/20 4 à 6 semaines après l’intervention (p<0,001 par rapport au score avant l’intervention).

Ce que nous savions déjà

Ce qu’on se pose comme questions

  • Le fait que l’étude ait été faite au sein d’un seul site du programme PACE peut-il nuire à la validité externe de l’étude?
  • Le fait qu’il y ait eu peu de pharmaciens et d’étudiants impliqués limite-t-il la confiance dans le caractère reproductible de l’intervention?
  • Le fait que seulement une faible proportion des patients avaient de l’asthme seul ou en concomitance avec la MPOC limite-t-il l’applicabilité de ces résultats aux patients asthmatiques?
  • La petite taille échantillonnale nuit-elle à la validité externe de l’étude?

Ce que vous pouvez notamment faire

  • Évaluer et corriger les techniques d’utilisation d’inhalateurs pour les patients âgés atteints d’asthme ou de MPOC lors des suivis en personne.
  • Tenter d’incorporer des visites à domicile pour le patients âgés dans la pratique pharmaceutique courante.

Auteurs: Razvan Lucian Cazacu

Création: 21 octobre 2015

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L’éducation thérapeutique pendant l’hospitalisation augmente-t-elle l’adhésion primaire suite au congé?

Leguelinel-Blache G, Dubois F, Bouvet S, Roux-Marson C, Arnaud F, Castelli C, Ray V, Kinowski JM, Sotto A. Improving Patient’s Primary Medication Adherence: The Value of Pharmaceutical Counseling. Medicine (Baltimore). 2015 Oct;94(41):e1805

Ce que cette étude nous apprend

  • Étude observationnelle avant-après dans les départements de médecine générale et infections et maladies tropicales de l’hôpital universitaire de Nîmes, en France
  • Tous les patients admis entre novembre 2010 et juin 2011: 201 patients pour la période «avant» et 193 patients pour la période «après»
  • Pendant la période avant, le pharmacien faisait seulement le bilan comparatif à l’admission et le suivi du patient pendant l’hospitalisation
  • Pendant la période après, en plus des tâches régulières, le pharmacien avait un entretien initial avec le patient à l’admission, ainsi qu’un second entretien au congé. Lors de l’entretien d’admission, le pharmacien évaluait la compréhension que le patient avait de sa médication, son attitude envers le traitement, les barrières à l’adhésion et le support social. Le pharmacien passait en revue les effets secondaires, les allergies et les intolérances. Le pharmacien demandait toujours à quelle pharmacie le patient allait. Lors de l’entretien de départ, qui avait lieu après que le médecin traitant ait signé les ordonnances de départ, les pharmaciens passaient en revue les médicaments prescrits aux patients avec ces derniers: le nom, l’indication, la dose, la fréquence, les principaux effets secondaires et les instructions spéciales au besoin, parfois à l’aide d’un horaire illustrant les médicaments à prendre. Le pharmacien demandait au patient de confirmer dans quelle pharmacie il allait. Toute information digne de mention récoltée pendant cette entrevue était rapportée au prescripteur et les ordonnances de départ pouvaient être changées si nécessaire.
  • L’adhésion primaire 7 jours après le congé a augmenté de 51% à 66,7% (p<0,01) en comptant tous les patients et à 79,7% (p<0,001) en comptant seulement les patients ayant effectivement reçu le conseil de départ.
  • La proportion de nouveaux médicaments prescrits au congé et non servis 7 jours après le congé a diminué de 50,2% à 32,5% (p<0,0000001).

Ce que nous savions déjà

Ce qu’on se pose comme question

  • L’absence de groupe contrôle limite-t-elle la qualité des données?
  • Le fait d’évaluer l’adhésion en appelant à la pharmacie habituelle des patients permet-il de détecter seulement une partie des services exécutés?
  • Le manque de données sur les services de médicaments chez 29,5% des patient nuit-il à la validité interne de l’étude?
  • Le faible taux de conseils de départ complétés (40,4%) pour la partie «après» nuit-il à la portée de l’intervention?

Ce que vous pouvez notamment faire

  • Assigner des pharmaciens pour faire de l’éducation thérapeutique aux patients à l’admission et au congé d’hôpital.

Un suivi téléphonique après un congé d’hôpital peut-il réduire le taux de réadmission?

Anderson SL, Marrs JC, Vande Griend JP, Hanratty R. Implementation of a clinical pharmacy specialist-managed telephonic hospital discharge follow-up program in a patient-centered medical home. Popul Health Manag. 2013 Aug;16(4):235-41.

Ce que cette étude nous apprend

  • Étude de cohorte rétrospective dans une clinique externe de médecine interne de Denver, aux États-Unis.
  • Échantillon de 470 patients (207 patients rejoints et 263 patients non-rejoints) à la Denver Health Eastside Adult Internal Medicine Clinic, âgés entre 18 et 89 ans, ayant reçu leur congé de l’hôpital Denver Health Medical Center.
  • Un pharmacien clinicien spécialiste (ou un apprenti supervisé) travaillant à la clinique externe de médecine interne appelait les patients du groupe de 48h à 96h après leur congé de l’hôpital, pour s’assurer et confirmer que le patient avait reçu les bons médicaments au congé, discuter des nouveaux médicaments ou des nouvelles doses de médicaments, confirmer le rendez-vous de suivi, clarifier des questions du patient par rapport aux informations du congé. Si le patient ne répondait pas, soit un message était laissé à un membre de la famille ou sur le répondeur, sinon rien n’était fait.
  • Pour le taux de réadmission à 30 jours, il y avait une différence significative entre les patients contactés par le pharmacien et ceux qui n’avaient pas été rejoints : 10,6% vs 19,8%, p<0,01
  • Pour le taux d’assiduité aux rendez-vous de suivi prévus dans les 30 jours suivant le congé, il y avait une différence significative entre les patients contactés par le pharmacien et ceux qui n’avaient pas été rejoints : 66,2% vs 44,5%, p<0,01
  • Le coût de l’intervention a été estimé à 20 000 USD par année (pour 470 patients)

Ce que nous savions déjà

  • Le pharmacien réduit le risque de réadmission toute cause chez les patients à faible risque (mais non pour les autres catégories de risque) via la télépharmacie PMID24712335
  • On peut consulter le site Impact Pharmacie et la fiche synthèse sur la Télépharmacie

Ce qu’on se pose comme questions

  • L’absence de randomisation peut-elle avoir entrainé des biais ? Le groupe ayant été rejoint par le pharmacien était-il intrinsèquement plus en santé ou encore davantage porté à se prendre en main?
  • Le fait de mesurer les réadmissions dans un hôpital en particulier (alors que les patients étaient libres de se présenter à n’importe quel hôpital) peut-il mener à une sous-estimation du nombre de réadmissions?
  • L’effet sur les réadmissions et l’assiduité se maintiendra-t-il à long terme (par exemple, au courant de l’année suivant l’intervention)?
  • Les différences entre le groupe contacté et le groupe non-contacté (davantage de personnes jeunes, atteintes de MPOC et assurées avec l’assurance Medicaid plutôt que Medicare dans le groupe non-rejoint) peuvent-elles avoir eu un impact sur les réadmissions et la présence aux rendez-vous de suivi?

Ce que vous pouvez notamment faire

  • Mettre en place un processus pour que les patients suivis à une clinique externe reçoivent un appel d’un pharmacien dans les jours suivant leur congé de l’hôpital

Auteurs: Razvan Lucian Cazacu

Relecteurs: Mylène Breton

Création: 02 octobre 2015

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