Serrano Fabiá A, Cavero Rodrigo E, Albert Marí A, Almenar Cubells D, Jiménez Torres NV. Pharmaceutical validation as a process of improving the quality of antineoplastic treatment. J Oncol Pharm Pract. 2005 Jun;11(2):45-50
Ce que cette étude nous apprend
- Étude de cohorte prospective au sein des unités d’oncologie et d’hématologie d’un hôpital universitaire en Espagne.
- L’objectif est d’évaluer de façon systématique les retombées d’un outil de validation pharmaceutique des ordonnances en hémato-oncologie dans un établissement de santé.
- Échantillon de 11961 patients-jours dont 5851 ayant reçu l’intervention pharmaceutique (validation pharmaceutique) en 2002 et 6110 patients-jours n’ayant pas reçu l’intervention pharmaceutique en 2001.
- L’intervention pharmaceutique consistait à valider les étapes de prescription des antinéoplasiques d’une façon plus systématique incluant la prise en compte du diagnostic et des indications, la fréquence et le nombre de cycles, la date de dernière administration de chimiothérapie, la dose adaptée au patient avec notamment les paramètres biochimiques et hématologiques. Elle incluait également la validation des préparations incluant le type et le volume de médicaments et/ou de diluants, les conditions de préparation et la dose de chaque médicament antinéoplasique ou de soins de support. L’outil a été développé de façon multidisciplinaire (pharmaciens, oncologues et hématologues) afin de standardiser la validation pharmaceutique.
- En 2001, 14,08 Erreurs Médicamenteuses (EM)/1000 patients-jours (pt-jr) ont été détectées, versus 19,83 EM/1000 pt-jr en 2002 ce qui montre une augmentation significative de 41% dans la détection des EM (p=0,015). Cette différence est significative à l’étape de prescription (p=0,0002) et concernant les antinéoplasiques (p=0,0009). Le taux d’EM/1000 pt-jr avec une signification clinique importante (sévérité > ou = 4 sur une échelle de 8) a plus que doublé entre 2001 (4,09EM/1000 pt-jr) et 2002 (8,89EM/1000 pt-jr) (p=0,0013). Le taux d’EM/1000 pt-jr est significativement plus élevé en hématologie (37,09EM/1000 pt-jr) qu’en oncologie (13,39EM/1000 pt-jr) (p<0,00001).
Ce que nous savions déjà
- La validation pharmaceutique des ordonnances est incontournable ; toutefois, le processus de validation n’est pas forcément standardisé dans tous les établissements de santé.
- Le rôle et les retombées du pharmacien en oncologie sont bien documentés. Nous avons recensé 4 études indexées démontrant une meilleure prévention des erreurs médicamenteuse grâce à la présence du pharmacien soient PMID19662439 PMID21880891 PMID18052618 PMID19617304.
- On peut consulter le site Impact Pharmacie et la fiche de synthèse sur l’oncologie.
- On peut consulter l’article Démarche pour la mise à niveau d’un secteur de soins pharmaceutiques : le cas de l’hémato-oncologie au CHU Sainte-Justine.
Ce qu’on se pose comme question
- Les résultats sont-ils généralisables à d’autres cliniques et hôpitaux en oncologie ?
- Les résultats auraient-ils été similaires si le groupe contrôle avait été inclut en même temps que le groupe intervention (avec standardisation de la validation pharmaceutique) ?
- Les résultats auraient-ils été similaires avec une étude randomisée contrôlée ?
- Quelle est la méthode optimale de validation pharmaceutique des ordonnances ?
- Intègre-t-on suffisamment cet aspect à la formation des pharmaciens nord-américains compte tenu de l’importance accrue donnée à la prestation de soins directs aux patients ?
Ce que vous pouvez notamment faire
- Réfléchir à la mise en place structurée d’un processus systématique de validation pharmaceutique des ordonnances, en complément à la prestation de soins pharmaceutiques décentralisés en oncologie ambulatoire et en hospitalisation.
- Comparer le taux d’EM de cette étude à votre taux local d’EM
- Partager davantage les stratégies de prise en charge en oncologie.
Auteurs : Mathilde Billaux
Relecteur : Jean-François Bussières
Création : 12 janvier 2015
Publication : 25 mars 2015